Pour la 10e année consécutive, des duodays ont été organisés dans diverses entreprises tout au long du mois de mai pour encourager la mise à l’emploi des personnes handicapées. Cette année, près de 500 entreprises belges ont ouvert leurs portes à des chercheurs d’emploi en situation de handicap pour un stage de découverte professionnelle. Zoom arrière sur une expérience pas comme les autres.
Comme chaque année, le mois de mai a été consacré à l’action annuelle du « Duoday » en faveur de l’emploi des personnes handicapées. Le principe : constituer des duos entre un travailleur et un stagiaire en situation de handicap. L’employé de l’entreprise s’engage à faire découvrir au stagiaire son métier. Le stagiaire est aussi amené à contribuer à certaines tâches pour prendre le pouls des réalités du terrain et du métier dans lequel il souhaite s’engager.
Le Duoday : objectifs et impact
Cette action poursuit deux grands objectifs : sensibiliser les entreprises à l’emploi des personnes handicapées et permettre à des stagiaires handicapés de découvrir un métier correspondant à leurs qualifications. Initiée en Belgique, l’opération a pris ces dernières années une dimension internationale avec l’implication de 11 pays.
L’opération Duoday veut lever les freins à l’intégration professionnelle des personnes handicapées. Pendant ce mois de mai, des entreprises belges ont ouvert leurs portes à des stagiaires pour un parcours de découverte de 1 à 20 jours. C’est court, certes. Mais pour le stagiaire, c’est un précieux pas dans un parcours d’intégration souvent sinueux. L’entreprise vit, quant à elle, une expérience positive de la différence et contribue plus globalement à un défi social majeur.
Une sensibilisation au handicap en progression
Cette année, près de 500 entreprises belges ont participé au projet. Pour ces sociétés, c’est une occasion unique de rapprocher les univers du handicap et de l’emploi, encore trop distanciés. En effet, en Belgique, emploi et handicap ne font pas bon ménage. Si les personnes concernées par le handicap représentent 15 % de la population en âge actif, seuls 35 à 40 % d’entre elles ont un emploi. Or, parmi les personnes en situation de handicap et inactives, bon nombre disposent d’aptitudes et de qualifications pour s’insérer dans le monde du travail. Les situations de handicap vécues par les stagiaires sont de natures très diverses : physiques, sensorielles, mentales et maladies invalidantes. Mais en dehors de cela, ils montrent une palette large de compétences et d’aspirations professionnelles !
L’ASBL DiversiCom a participé activement à l’opération en facilitant 49 stages pour ses chercheurs d’emploi handicapés dans 23 entreprises partenaires. « Nous avons suivi leur recrutement de A à Z : premier matching avec l’entreprise, suivi administratif, aménagements, préparation des tuteurs et évaluation du stage », explique Marie-Laure Jonet, directrice de l’ASBL. DiversiCom a ainsi collaboré avec 14 entreprises publiques, telles que la Police fédérale (qui a accueilli 7 stagiaires dans des départements aussi divers que le Magasin des uniformes, le Call Center, le département financier et logistique, la Communication ou les RH), Bruxelles Propreté (qui a accueilli 4 stagiaires) et 5 administrations communales bruxelloises (Anderlecht, Jette, Koekelberg, Saint-Gilles et Woluwe-Saint-Lambert). Ces communes ont offert 6 stages à des candidats DiversiCom. 9 entreprises privées ont aussi répondu à l’appel de DiversiCom, notamment Solvay, EKO Services et GSK.
« Nous sommes heureux de constater que, chaque année, de plus en plus d’entreprises participent au Duoday. Elles sont très demandeuses, se rendant bien compte que c’est souvent le 1er pas pour sensibiliser les collègues en interne », commente Marie-Laure Jonet.
L’étape suivante : la mise au travail
Alors que les stages sont aujourd’hui terminés, le travail, lui, se poursuit. « Nous sommes en train de voir quels stages pourraient déboucher sur des projets de plus longue durée », déclare Marie-Laure Jonet.
L’étape suivante, pour les entreprises, est en effet de faire le pas d’engager un travailleur en situation de handicap. « Chaque année, des stages initiés par l’opération Duoday débouchent sur des contrats à plus long terme. Certaines entreprises nous ont déjà signalé leur souhait et des opportunités pour prolonger l’expérience des stagiaires accueillis », se réjouit Marie-Laure Jonet. À titre d’exemple : parmi les 24 stagiaires accompagnés par l’asbl DiversiCom lors du Duoday 2018, 13 ont ensuite décroché un projet professionnel de plus longue durée, ou continué ou repris une formation qualifiante dans l’année.
Témoignages
Christian de Strycker, STIB :
« En tant qu’opérateur public, la STIB accorde beaucoup d’importance à la diversité. Participer au Duoday était donc une évidence pour l’entreprise. Compte tenu des spécificités du candidat autiste Asperger, la STIB cherchait à définir ce qu’elle pourrait raisonnablement aménager pour permettre son intégration sans l’attacher directement à une fonction spécifique.
Au-delà d’une rencontre riche et humaine, le Duoday a permis de cerner les compétences du stagiaire et d’évaluer les divers risques liés à son éventuelle mise à l’emploi. Après cette première rencontre, l’entreprise démarrera un processus afin de voir s’il est possible de définir un profil de fonction adapté pour cette personne. Si une intégration se met en place, il ne faudra pas oublier l’accompagnement des équipes internes afin que toutes les parties y trouvent leur intérêt. »
Adeline Fontaine, HR Manager chez Solvay :
« Nous collaborons avec DiversiCom depuis plusieurs années et pour nous, cette action était une nouvelle opportunité de sensibiliser notre personnel aux situations de handicap et dépasser les préjugés. C’est l’occasion pour nous — professionnels RH, managers, collègues — de nous interroger sur notre capacité à intégrer un travailleur en situation de handicap au sein de l’entreprise. Nous avons accueilli des stagiaires au sein du service SIPP, service médico-social et ressources humaines. L’expérience, riche en échanges, s’est une nouvelle fois très bien passée et nous renouvellerons notre participation l’année prochaine, avec, nous l’espérons, encore plus de binômes. Les stagiaires étaient très enthousiastes, volontaires et curieux de découvrir/redécouvrir le monde de l’entreprise. Et c’est aussi très valorisant pour les salariés de partager leur expérience et de donner des conseils sur le monde du travail. »
Clarisse Lukuamusu, Directeur Pharmacy Operations and Regulatory chez Pfizer :
« Notre entreprise lutte contre toute forme de discriminations de sexes, religions, handicaps… Il était donc évident de participer à un projet comme le Duoday. Ainsi, notre stagiaire, diplômé assistant en pharmacie, a été accueilli chaleureusement au sein du département pharmacie de l’unité de recherche clinique. Expliquer les activités de la pharmacie ainsi que la complexité de notre travail de façon la plus simple possible était un véritable défi. Les collègues ont veillé à ce qu’il se sente le plus à l’aise possible, en lui laissant le temps d’assimiler les informations clés pour la compréhension de nos activités. L’équipe en charge du stagiaire a trouvé l’expérience tout simplement enrichissante ! Cette expérience nous a apporté beaucoup au niveau humain et nous serions prêts à la renouveler. Nous espérons surtout que ce stage a permis à notre stagiaire de découvrir une autre facette du travail de l’assistant en pharmacie et que des opportunités se présenteront à lui. »
Sophie Veys, Collaboratrice RH en charge de la Diversité à l’ULB :
« En quelques jours, un programme a pu être mis en place avec le soutien de quelques interlocuteurs issus de différents départements et facultés, tous curieux et intéressés par le projet. Le programme établi tenait compte, outre les objectifs de découverte de l’ULB, de son fonctionnement et des métiers, des études réalisées par notre jeune «stagiaire » porteuse d’un handicap auditif et de son souhait de s’orienter vers un emploi lié aux statistiques et à la recherche. Ces trois journées placées sous le signe de la découverte mutuelle et de l’échange se sont très bien déroulées. Elles ont permis à la stagiaire de découvrir une entreprise et d’approcher des métiers en phase avec ses aspirations. Elles ont aussi été riches en enseignements pour nous, qu’il s’agisse d’entrevoir les synergies possibles dans l’institution, d’observer les réactions de collaborateurs face à la mise en place d’un tel projet, ou de mieux cerner aussi le temps nécessaire pour lancer un réel processus d’intégration de personnes en situation de handicap. En quelques mots : une expérience intéressante, réussie, et qui, surtout, conforte dans l’envie d’aller plus loin. »