Élections : réglez vos montres

Par Marc Decorte  - 12 mars 2019 à 16:03 

©Reporters

On le sait depuis Einstein : le temps ne s’écoule pas toujours, partout et pour tous de la même manière. Ainsi en va-t-il du temps politique et du temps entrepreneurial.  

Le temps politique, soumis, entre autres, aux rapports de force entre partis ou entre niveaux de pouvoir, à l’état de l’opinion, aux contingences des procédures législatives ou du calendrier électoral, semble parfois s’étirer démesurément, au point de s’ensabler. Quand, par exemple, il s’agit de décider où construire un stade national, prolonger une ligne de métro, rénover des infrastructures, réformer l’enseignementLe temps politique s’éternise 

Le temps entrepreneurial, lui, doit être réactif, entre les échéances à respecter, les clients pressés, les partenaires impatients, les concurrents qui n’attendent pas, les opportunités à ne pas manquer… Chaque mois, chaque semaine, chaque jour, chaque heure comptent.  

La discordance entre ces deux temporalités engendre un dangereux décalage qui éloigne l’entreprise du politique, comme l’illustre notre dernier « baromètre », réalisé au mois de janvier auprès de nos membres et sympathisants – et dont vous trouverez les résultats détaillés dans ce numéro 

On ne peut que s’inquiéter de la défiance persistante des entrepreneurs envers nos gouvernements, mais ces cotes d’insatisfaction (69 % de « peu ou pas confiants » vis-à-vis du gouvernement régional, 51 % vis-à-vis du fédéral) traduisent, à n’en pas douter, leur exaspération face aux attentes déçues.  

Comme c’est le cas depuis plusieurs années déjà, la mobilité à Bruxelles reste – et de loin – la première priorité des entrepreneurs. Soit une matière cruciale pour leurs activités, où les décisions politiques et leur mise en œuvre se font exagérément attendre : déploiement du RER, construction du métro nord, tarification unique, lignes transrégionales, installation de parkings de délestage ou d’un réseau de bornes de chargement électrique…  

Juste après la mobilité, c’est la simplification administrative qui est la plus citée dans nos sondages. Là aussi, c’est le ‘mismatchentre le temps bureaucratique et le temps entrepreneurial : bien souvent, l’entrepreneur ne peut se permettre d’attendre 400 jours ouvrables pour l’obtention d’un permis d’urbanisme ou d’un permis d’environnement, qui retardent d’autant son projet, le développement de son activité, et finalement la création d’emplois et de richesse. Alors qu’il suffirait sans doute de peu (le permis unique) pour économiser du temps, des efforts et de l’argent.  

Le 26 mai prochain, les citoyens entrepreneurs auront un nouveau rendez-vous avec le politique. Pour le préparer, Beci a publié un Mémorandum qui reprend les attentes et les propositions de la part des entreprises bruxelloises, dont bien entendu la mobilité et la simplification administrative. Faut-il plus de moyens ? Pas forcément. Réformer et simplifier ne coûte rien et permet d’économiser un temps précieux. Time is money, faut-il rappeler au monde politique.   

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Vincent Delannoy

Adviseur Economie en Algemeen Beleid