Les entreprises ont-elles besoin du développement durable ?

7 mai 2021 par
BECI Community

Fin 2015, l’ONU présentait son Agenda 2030, avec ses 17 Objectifs de développement durable (ODD). Parallèlement, un appel mondial était lancé à la responsabilité des entreprises face aux défis économiques, sociaux et environnementaux. La Belgique a immédiatement donné écho à cet engagement, y compris par la voix de ses entreprises.

Pourtant, certaines entreprises de toutes tailles, de même que nombre de consommateurs, peuvent avoir des difficultés à s’y retrouver. Dans des contraintes économiques ou face à des priorités d’autres natures, la perplexité des entreprises pourrait se traduire dans deux interrogations : s’agit-il surtout de communication ? N’en va-t-il pas d’abord de la responsabilité des très grandes multinationales ?

Seule une minorité de responsables d’entreprise n’ont pas pris conscience de l’importance des défis planétaires et de l’enjeu pour les générations à venir. La croissance démographique augmente les besoins en denrées alimentaires et en eau potable ; les villes doivent se transformer pour rester vivables ; il faut un emploi épanouissant pour tous, des règles pour l’économie mondiale qui permettent la liberté de faire du commerce au-delà des frontières de manière équitable et en toute sécurité…

Pour les acteurs de l’économie, il s’agit de prendre la mesure de l’impact que peuvent avoir leurs décisions quotidiennes en matière de commerce et d’investissement, tant sur la compétitivité de leur entreprise que sur notre ambition collective de créer de la croissance et de l’emploi à long terme. Et ainsi, nous nous rendons compte que, quelle que soit la taille de l’entreprise, elle est aujourd’hui tributaire de la globalisation et de la santé économique, sociale et environnementale ailleurs qu’à Bruxelles ou même en Europe.

Travailler à la santé de son entreprise et à ses avantages compétitifs, par une harmonisation de ses activités commerciales avec la communauté locale et la préservation de l’environnement, relève de la politique de nombre d’entreprises depuis bien plus longtemps que la création des ODD. C’est parfois tellement intégré dans leur vision qu’elles ont oublié de déclarer ou de répéter qu’elles sont durables depuis leurs débuts, parce qu’elles ont toujours, par exemple, véhiculé les valeurs de leur fondateur.

Une bonne stratégie de responsabilité sociétale doit être intégrée à l’ADN de l’entreprise. Ce n’est pas un programme philanthropique ou écologique vaguement connecté à son activité. Mais même pour les entreprises qui sont durables, parfois depuis leur création, une réflexion et un effort ne sont pas inutiles. Pour améliorer la communication sur leur durabilité, et pour optimaliser certains rendements par des innovations dans le recyclage, l’efficacité énergétique ou la mobilité, par exemple.

Vox populi

Au vu des comportements connectés des consommateurs et de leurs exigences toujours plus grandes en matière d’exemplarité des entreprises et de leurs dirigeants, les risques en termes de réputation sont permanents. Avoir un comportement correct ne suffit pas. Il s’agit d’être proactif dans sa communication et les comptes annuels n’y suffisent plus toujours. Ainsi, nombre d’instruments sont à disposition des entreprises pour un rapportage standardisé, utile tant pour les investisseurs que pour les observateurs de la société civile, tels que des lignes directrices du GRI, du Pacte mondial (Global Pact) des Nations Unies, de l’ISO 26000…

Enfin, la responsabilité (sociétale) des entreprises devrait commencer par un « programme de compliance » non seulement pour sensibiliser les employés et tiers concernés aux risques de fraudes relatives aux lois applicables (y compris la corruption, le droit de la concurrence, le traitement de données personnelles, les contrôles à l’exportation, les sanctions économiques…) et les gérer, mais aussi pour s’assurer de l’application de tous les standards, notamment éthiques, internes à l’entreprise. La légitimité pour le public de toute la stratégie en matière de durabilité de l’entreprise pourrait être remise en question si elle est prise en défaut pour sa compliance – un risque grandissant.

  

 

BECI Community 7 mai 2021
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