Soutien dauphinois

Par Valérie DELANDE  - 4 février 2019 à 10:02 | 2107 vues

©GettyImages

Soutenir c’est maintenir quelque chose dans une position grâce à un support.  Soutenir, c’est maintenir quelqu’un debout, l’empêcher de tomber, de s’affaisser. Soutenir, c’est empêcher quelqu’un, un organe, un groupe, de s’affaiblir, de fléchir, de défaillir, en lui redonnant des forces, en lui permettant de se maintenir, en lui procurant une aide, un réconfort. Soutenir, c’est être du côté de quelqu’un, adhérer à la cause d’un groupe, combattre en sa faveur, le défendre.

Jérôme était arrivé le premier. Il avait longuement hésité avant de venir. Était-il prêt à affronter le regard des autres, à s’exprimer, à oublier ? Il se sentait encore honteux de sa faillite. C’était arrivé soudainement. Son banquier l’avait appelé un matin de novembre pour lui annoncer qu’il prenait sa retraite et qu’il souhaitait lui présenter son successeur. Jérôme était allé au rendez-vous avec une certaine appréhension. Luis, son banquier le suivait depuis 7 ans. Lorsqu’il avait racheté le garage, il était venu lui demander un prêt de 2 millions d’euros, et un découvert de 500 000 euros pour lui laisser le temps de développer son affaire. Luis lui faisait confiance. Quand Jérôme avait serré la main de Mr Saintron, un frisson l’avait parcouru. Une semaine plus tard Mr Saintron l’appelait pour lui annoncer qu’après analyse de la situation, il avait décidé de supprimer la ligne de découvert. Puis sa seconde banque avait suivi et il s’était retrouvé du jour au lendemain dans l’incapacité de payer ses salariés, ses fournisseurs. Tout s’était enchainé très vite. Il s’était retrouvé seul, très seul. Le curateur lui avait conseillé de prendre contact avec Beci. « Il y a un programme pour les entrepreneurs en rebond, vous devriez vous inscrire ». Il avait regardé le site. Ça s’appelait reStart. Il avait rencontré le responsable qui l’avait convaincu de s’inscrire. Il était donc là, ce matin, pour la première rencontre avec le groupe.

Anaïs était une digitale girl. Elle y croyait à son App révolutionnaire et ses objets connectés. Elle était visionnaire, passionnée, communicante, ce qui lui avait permis de gagner la confiance d’un fond d’investissement qui était entré dans le capital sur une valo de 1 M€. Seulement voilà, l’exécution était bien loin de la vision. Le développement avait été beaucoup plus long que prévu. Les grands comptes avaient accepté de tester sa solution mais aucun n’était passé au déploiement. Elle avait consommé tout le cash et elle en était toujours au pilote. L’histoire s’était donc arrêtée. Elle avait fait faillite. Anaïs étant par nature volontaire et positive, elle avait décidé de suivre le programme reStart dont son expert-comptable lui avait parlé. Elle avait déjà une idée de rebond. Toujours dans la transformation digitale mais cette fois-ci dans le social.

Autour de la table il y avait aussi Gabriel, Alcid, Helena, Geoffrey, Mina, Daniel, Murielle, Viviane, Eddy et Victor. L’animateur se présenta. Il s’appelait Jean Louis, il était coach professionnel, membre de l’EMCC (European Mentoring and Coaching Council). Il portait un jean, un pull décontracté et son sourire était rassurant. « Il faut bannir le mot échec. C’est le mot expérience qui est important. Savez-vous que les pensées négatives ont un impact sur les émotions et sur le comportement ? Le négatif créé du stress ; le positif donne de la sérénité. Ici je vous propose de vous relaxer, de prendre le temps de souffler, de vous reconstruire ».

ReStart proposait trois ressources : un coach, un mentor, des GED.  Le coach était là pour aider à retrouver de la confiance, de l’enthousiasme. Le mentor pour apporter un appui technique, un partage d’expérience, du réseau. Le Groupe d’Echange et de Développement était la ressource du groupe. Nous, les restarters, étions là pour donner et recevoir, pour partager nos difficultés, nos questions dans une atmosphère de bienveillance et d’empathie. Jean Louis nous parlait de co-constructions, de binômes, de partenaires.

Jérôme se sentait revivre. Helena avait non seulement perdu son entreprise mais son mari l’avait quittée. Il repensa à cette phrase de Balzac «  Souvent nos forces sont stimulées par la nécessité de soutenir un être plus faible que nous. » Elle prenait tout son sens. Il faisait maintenant partie d’un groupe. Il allait remonter la pente, se refaire une santé économique et rebondir.

Le dauphin est doté d’un attribut particulier : le sonar qui lui permet de se guider par un système d’écholocation. Lorsqu’un dauphin imite le son de l’autre, il introduit de petites variations afin d’éviter toutes confusions avec son interlocuteur. Cette imitation ne se produit que chez les animaux qui ont de forts liens sociaux. En outre celle-ci ne survient que lorsqu’ils sont séparés les uns des autres, ce qui renforce l’idée qu’ils veulent se réunir.

 

 

 

 

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