Le 9 juin 2025 marquera une étrange bougie : un an sans gouvernement pour la Région de Bruxelles-Capitale. De l’attente, du silence, et un goût amer. Il est temps d’ouvrir les fenêtres.
Dans notre dernier numéro, nous avions prévenu : si le gouvernement nous donne matière à dire, Beci ne s’en privera pas. Eh bien, c’est chose faite… enfin, à sa manière. Car en vérité, il ne nous donne rien. Silence radio. Pas une ligne de programme, pas l’ombre d’une parole rassurante. C’est justement ce vide assourdissant qui mérite d’être souligné. Son mutisme, à lui seul, en dit long. « Et maintenant ? », demandent les Bruxellois·es, « on attend encore ? » Quitte à tourner en rond, autant tracer une ligne droite. Alors, à défaut de commentaires, voici notre feuille de route.
Bruxelles en pause ou en apnée ?
Depuis bientôt 365 jours, Bruxelles vit une drôle de parenthèse. Sans gouvernement régional, les dossiers s’empilent et les urgences se multiplient, pendant que la capitale de l’Europe semble oubliée de tous·tes, ou presque. Ce constat ne surprendra personne parmi celles et ceux qui observent la scène politique locale. Néanmoins, cette fois, c’est Beci qui le dit, sans détour : la patience a des limites. La Région fait face à une situation budgétaire qui ne laisse pas de place aux tergiversations. Réduire la dette et assainir les finances publiques est une urgence non négociable. Pourtant, au-delà des chiffres, c’est le manque d’une politique claire qui fait défaut.
C’est vrai que nous le répétons souvent depuis neuf mois maintenant : Bruxelles mérite mieux qu’un statu quo ou qu’un silence gêné. La capitale, avec ses multiples casquettes, de siège de l’UE à cœur battant de la Belgique, doit retrouver son souffle. « Osons Bruxelles », clame Beci, qui place l’ambition et la fierté au centre de ses attentes pour le futur gouvernement. Est-ce difficile de se coordonner sur l’essentiel ? Traduction : arrêtons l’anomalie politique pour de bon.
Mille et une raisons
La feuille de route que Beci adresse au futur gouvernement se veut un guide pragmatique. Elle fixe les priorités et appelle à l’action pour sortir la Région de l’impasse. Premier commandement : mettre fin au Brussels Bashing et promouvoir Bruxelles avec fierté. La capitale est riche de ses atouts, de sa diversité et de son rayonnement international.
Sur le plan budgétaire, l’équation est serrée : retrouver l’équilibre budgétaire en 2031 passera par une réflexion claire sur le rôle de la Région, sans sacrifier la qualité des services publics. Dans ce cadre, la sécurité et la propreté figurent en tête des préoccupations, un terrain où Bruxelles doit prendre ses responsabilités et coordonner efficacement les acteurs.
Ensuite, le logement, souvent au cœur des débats, réclame une accélération administrative pour favoriser la rénovation et la construction. La mobilité, pilier de la vie urbaine, doit s’appuyer sur une stratégie de fluidité et de multimodalité, pour répondre aux besoins de toutes et tous.
Même chose pour l’économie locale : focus sur la simplification administrative pour les entreprises, la stratégie bas-carbone, et une gouvernance renforcée. Le lien avec l’emploi et la formation doit être plus direct, plus efficace : il faut valoriser les secteurs qui recrutent et faciliter l’accès des jeunes au marché du travail. La santé et les crèches demandent également une attention particulière, avec un plan d’urgence pour stabiliser l’offre et garantir l’accès à des soins de qualité. Enfin, le numérique et l’intelligence artificielle doivent devenir de vrais leviers de modernisation, pour une administration plus rapide, plus claire, plus humaine.
Il était une fois, la gouvernance
La gouvernance, elle aussi, mérite d’être dépoussiérée. Simplification, concertation renforcée avec la société civile et les partenaires sociaux, clarification des relations entre Région et communes. En résumé : moins de silos, plus de dialogue. Redonner du souffle à la démocratie, sans grandes messes, redonnons confiance et faisons avancer Bruxelles.
Dans ce décor un peu surréaliste, où un an sans gouvernement paraît une éternité, Beci rappelle que la Région ne peut se permettre plus longtemps cette pause forcée. Les Bruxelloises et Bruxellois, les entrepreneur·es, les visiteur·euses, attendent des réponses. Et pourtant… Bruxelles n’a pas cessé de tourner. Les entrepreneur·es continuent d’investir, les citoyen·nes de s’interroger, les défis de s’accumuler. C’est bien là l’ironie : l’activité est intense, mais l’impulsion politique est absente. Bref, un entre-deux qui dure. Et, dans les coulisses, une administration qui tient tant bien que mal les murs.
Sortir de la torpeur
Oui, un an sans gouvernement, c’est long. Ce qui pèse, ce n’est pas tant le délai que l’absence de mouvement. C’est plutôt l’impression que tout pourrait encore durer des mois, dans une forme d’acceptation molle.
Bruxelles est une Région complexe, c’est un fait, mais c’est aussi ce qui fait sa singularité. Alors, à l’heure où cette édition se clôture avant la pause estivale, une chose est sûre : la rentrée ne pourra pas être une reprise du même scénario. Il n’est pas trop tard, mais il est largement temps.
Depuis septembre, Beci invite le gouvernement à « oser Bruxelles », car derrière ce slogan, c’est toute la voix des entreprises que nous portons auprès des décideur·euses. Il y a quelques semaines, avec les représentant·es bruxellois·es des entreprises et des travailleur·euses, nous avons lancé « Ras-Le-Gouv » : un cri du cœur collectif, un appel au sursaut.
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