L’avenir du recrutement : L’intelligence artificielle, le Saint Graal ?

10 octobre 2019 par
BECI Community

[Coproduction] Une rencontre avec Rudi Bauer, Chief Evangelist chez StepStone, sur l’intelligence artificielle et les défis auxquels nous serons confrontés dans le recrutement de talents au cours des prochaines décennies.

 

Les entreprises doivent changer la donne

De nombreuses entreprises éprouvent actuellement des difficultés à trouver de bons collaborateurs. Comment cela va-t-il évoluer dans les années à venir ?

Rudi Bauer, Chief Evangelist StepStone : « En Europe, nous avons un gros problème. Le taux de natalité est en baisse partout. Tandis que le travail, lui, ne diminue pas. Avec comme résultat de nombreux jobs face à un déficit de candidats. En pratique, ce ne seront plus les entreprises qui choisiront un candidat, mais l’inverse. Le choix est entre les mains du candidat : ‘Est-ce que je veux travailler pour cette entreprise ? Est-ce que cette entreprise me convient, est-ce que nous partageons les mêmes valeurs, est-ce que je veux collaborer aux objectifs de cette société ?’ Voilà un changement énorme, qui devra mener à un changement radical des mentalités au sein des entreprises. Elles devront faire le point sur elles-mêmes et réfléchir à d’autres moyens de se mettre en avant.

 

L’employer branding pourrait donc jouer un rôle encore plus important ?

Rudi Bauer : « Oui, mais une autre sorte d’employer branding. Pas une énième vidéo d’entreprise avec une table de ping-pong, une corbeille à fruits et une déco moderne et colorée. Non, les entreprises vont devoir se distinguer par le contenu. Mettre en avant ce qui les rend vraiment uniques : leur culture d’entreprise, leurs valeurs, leur mission et surtout, en quoi elles ont besoin de personnes pour aider à réaliser cette mission. Ceci dit, l’employer branding n’a de sens que s’il est sincère, et si ce que vous proclamez est authentique. »

 

L’intelligence artificielle, le Saint Graal ?

Quelles autres mesures les entreprises peuvent-elles prendre pour attirer et garder des talents ? Doivent-elles toutes se ruer sur l’intelligence artificielle ?

Rudi Bauer : « Il y a deux façons de considérer l’IA. Pour certaines personnes, c’est le graal qui règlera tous nos problèmes. D’autres, dont je fais partie, ont un point de vue différent : si vous mettez en œuvre l’IA mais qu’elle ne règle aucun problème, ça n’a aucun sens. »

 

Pouvez-vous en dire plus ?

Rudi Bauer : « En tant qu’entreprise, service RH ou chasseur de têtes, il faut d’abord vérifier quels problèmes surviennent dans le processus de recrutement : est-ce que nous proposons une expérience agréable aux candidats, est-ce que nous leur offrons un traitement correct et humain ? Et comment traitons-nous nos collaborateurs ? Est-ce que nous recrutons chaque année 100 personnes parce qu’il y a eu 90 départs ?

Identifiez ces problèmes et imaginez des solutions potentielles. L’intelligence artificielle peut-elle contribuer à solutionner un problème ? Tant mieux, allez-y ! L’IA n’est pas une solution ? Alors ça ne sert à rien d’y faire appel. »

 

Recruter plus vite

Très bien, mais comment s’y prendre concrètement ? Comment l’IA et la technologie peuvent-elles aider à solutionner certains problèmes de recrutement ?

Rudi Bauer : « L’intelligence artificielle est en mesure de traiter à toute vitesse un tas de données. De quoi accélérer grandement le processus de recrutement et améliorer sensiblement l’expérience des candidats. Exemple concret : rien n’irrite plus les candidats que les procédures de recrutement interminables – au point qu’ils finissent par décrocher. C’est compréhensible, car presque toutes les autres procédures sur internet – qu’il s’agisse de la réservation d’un voyage, de l’ouverture d’un compte ou d’un achat important – se règlent en quelques minutes. En automatisant plusieurs étapes du processus (et en réorganisant au passage votre service RH), vous améliorez la rapidité et l’efficacité du processus. »


Que peut-on automatiser dans le processus de recrutement ?

Rudi Bauer : « Mettez en place l’envoi d’un e-mail automatique à chaque candidat à chaque réception de candidature, qui détaille les délais de la procédure et quelques infos. Ce n’est pas compliqué, mais très pratique et agréable pour le candidat. Autre mesure simple : répondre aux questions fréquentes via un chatbot. Le candidat obtient une réponse rapide et pertinente, et peu importe qu’elle ait été donnée par une personne ou un robot. On voit que l’IA résout ici un problème très concret. L’objectif principal restant d’assurer une expérience personnelle optimale et de simplifier autant que possible le processus pour les candidats. »

Rudi Bauer

 

« En général, une recherche de travail n’est pas la période la plus agréable dans la vie des candidats. »

 

« Ils ont des inquiétudes, des angoisses et des émotions. C’est pourquoi il est crucial d’assurer une expérience candidat optimale. »

 

 

Rien de plus ennuyeux qu’un CV


Vous expliquiez que l’employer branding est souvent peu original. Or, on peut dire de même du côté des candidats. Quoi de plus impersonnel qu’un CV ?

Rudi Bauer : « C’est vrai. Les candidats soumettent eux aussi des documents très standards. C’est d’ailleurs ce que beaucoup d’entreprises attendent encore aujourd’hui. Un CV doit avoir l’air sérieux et structuré. Mais si, en tant que candidat, vous donnez une image beaucoup plus personnelle de vos attentes vis-à-vis d’un job, nous pouvons – notamment grâce à l’IA – proposer des emplois qui correspondront bien mieux à vos besoins.

Par exemple, chez StepStone, si nous constatons que la distance domicile-travail joue un rôle primordial pour un candidat, nous lui proposons d’abord des jobs près de son domicile. Nous faisons également en sorte d’afficher la distance pour chaque emploi. Pour d’autres personnes, nous avons identifié d’autre facteurs de préférences.

Cependant, comme utiliser l’lntelligence Artificielle requiert un certain nombre de données sur les candidats, il faut prendre garde à se limiter à des questions courtes, intelligentes et contextuelles. Il ne faut pas non plus hésiter à ‘gamifier’ un peu la recherche d’emploi pour en faire une expérience agréable, fluide et personnalisée. »

 

 

 

 

 

BECI Community 10 octobre 2019
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