L’aéroport tend la perche aux chercheurs d’emploi bruxellois

3 juin 2019 par
BECI Community

HIVA-KU Leuven a analysé l’emploi à Brussels Airport. L’étude livre des infos intéressantes quant aux perspectives professionnelles que l’aéroport offre aux chercheurs d’emploi bruxellois. « Voilà qui pourra nous servir pour des actions plus ciblées. »

Près de 24.000 travailleurs, 317 entreprises, 18 secteurs et 400 postes vacants en moyenne : des chiffres qui en disent long sur les possibilités d’emploi que représente l’aéroport. La diversité des disciplines est impressionnante : fonctions commerciales, administratives ou opérationnelles, sécurité, restauration, gestion des bagages et même consultance ! « Notre aéroport comporte bien des atouts. Sans parler des postes vacants  dans des secteurs auxquels les chercheurs d’emploi ne pensent pas forcément », déclare Arnaud Feist, CEO de Brussels Airport Company.

Les analystes d’HIVA répartissent ces emplois en trois catégories. D’abord l’aéroport lui-même et toutes les activités relatives au trafic aérien et à la gestion des bagages (soit 40,1 %). Ensuite les activités périphériques, tels que la gestion du fret, l’entreposage, le transport au sol, l’Horeca, la sécurité et la maintenance (50,4 %). Et enfin des activités business, récentes, à savoir des sociétés de consultance qui se sont établies dans le périmètre de l’aéroport (9,5 %). 

Lorsque l’étude a été réalisée en 2017, il s’agissait uniquement de Deloitte, mais Microsoft, KPMG et d’autres l’ont rejointe dans l’intervalle. Cette troisième catégorie est en pleine expansion. Quant aux fournisseurs de l’aéroport, ils représentent 40.000 emplois indirects, qui s’ajoutent aux 24.000 personnes employées directement sur le site. Le professeur Ludo Struyven, qui a piloté cette étude, qualifie l’aéroport de centre d’emploi majeur et de véritable catalyseur de l’économie belge.

En provenance de la Zone du Canal

L’étude considère Brussels Airport comme le plus grand employeur privé de Bruxellois. 4.000 habitants de la capitale y travaillent. La vaste majorité du personnel est originaire de Flandre (73,8 %), mais Bruxelles et ses 15,7 % devancent la Wallonie (10,4 %). 5,3 % des Bruxellois proviennent de la Zone du Canal. Et la plupart des Bruxellois sont actifs dans les activités périphériques (maintenance, Horeca…) et dans la gestion des bagages. Les profils plus spécialisés, impliqués dans les activités premières de l’aéroport, proviennent surtout de la région anversoise. Par ailleurs, les activités business emploient 25 % de Bruxellois.

« Le rapport indique que le pôle business attire surtout des habitants du sud de Bruxelles, Auderghem entre autres », précise Simon De Maeseneer, general manager d’Aviato, le centre d’emploi de Brussels Airport. « Nous engageons pourtant beaucoup de collaborateurs aussi en provenance de Bruxelles-Ville et de la Zone du Canal (Schaerbeek, Anderlecht, Molenbeek), où le chômage est plus élevé que dans les communes du sud. D’où l’intérêt de cette étude, qui nous révèle combien de personnes de chaque commune bruxelloise travaillent ici. Voilà des informations très utiles pour des initiatives futures plus ciblées. »  

Des emplois de qualité

L’étude révèle une forte dynamique au sein des travailleurs bruxellois. La rotation est relativement élevée du côté des bureaux d’intérim et de la consultance. Du côté de l’Horeca aussi : deux travailleurs sur cinq repartent au bout d’un moment. Même phénomène du côté de la gestion des bagages. Les auteurs de l’étude imputent cette situation à la nature des emplois. Ils se caractérisent par une grande volatilité et souvent des conditions de travail difficiles. 

« Je ne sais pas s’il faut parler de moindre stabilité d’emploi dans l’airport handling et l’Horeca », estime Simon De Maeseneer. « Cette grande rotation présente aussi des aspects positifs. Les Bruxellois qui acceptent ces emplois améliorent leur néerlandais, ce qui, à terme, accroît leurs perspectives dans d’autres fonctions. Ils deviennent plus intéressants pour le marché de l’emploi, ce qui est positif. Il n’empêche : nous préférons garder les gens ici, autant que possible. »

L’étude nuance l’image fréquente de l’aéroport comme source d’emplois essentiellement précaires et à temps partiel. Brussels Airport offre davantage d’emplois à temps plein que les moyennes belges (72 % comparés à 58,8 % en Flandre, 68 % à Bruxelles et 60 % en Wallonie). Il présente aussi un plus haut pourcentage d’employés (71 % comparés à 49 % en Flandre, 61 % à Bruxelles et 48 % en Wallonie). 61 % des nouveaux venus reçoivent directement un emploi à temps plein, mieux que la moyenne du reste du pays. Et ils gardent proportionnellement plus longtemps leur emploi qu’ailleurs. Cela se vérifie surtout dans la gestion du fret, l’entreposage, les services postaux, la sécurisation, l’hôtellerie et la restauration. Ces tendances illustrent la qualité de l’emploi.

Pas au-delà des capacités

« Nous encourageons la mobilité interrégionale », déclare Cécile Huylebroeck, conseillère emploi chez Beci. « Les candidats bruxellois doivent davantage être pris en compte et recevoir accès au marché de l’emploi dans d’autres régions, où des postes restent vacants par manque de candidats. Aviato en est un bel exemple. L’initiative conjointe du VDAB, d’Actiris, du Voka, de Beci et de Brussels Airport Company permet de faire connaître aux chercheurs d’emploi bruxellois les opportunités d’emploi dans la zone aéroportuaire et faire ainsi correspondre l’offre et la demande. »

Simon De Maeseneer confirme qu’Aviato essaye d’attirer un maximum de Bruxellois vers les emplois à l’aéroport. « Nous avons donc lancé, en collaboration avec le VDAB, Actiris et Bruxelles Formation, une série de formations spécifiquement axées sur les chercheurs d’emploi bruxellois. Elles comprennent un apprentissage du néerlandais selon les besoins de l’employeur, une formation au savoir-être et une série de cours techniques. Nous voulons balayer une fois pour toutes cette idée préconçue selon laquelle un emploi à l’aéroport serait au-delà de leurs capacités. Le manque de connaissances les empêche parfois de poser leur candidature, malgré l’intérêt et la disponibilité. Près de sept chercheurs d’emploi sur dix qui contactent Aviato sont des Bruxellois. Nous avons actuellement deux formations, pour des agents de sécurité et des chauffeurs de bus. Il y a là de quoi motiver pas mal de chercheurs d’emploi bruxellois. »

Appel à la coopération

Le savoir-être reçoit autant d’attention que les connaissances linguistiques lors des formations. « Travailler à l’aéroport implique de répondre à certaines exigences », dit M. De Maeseneer. « La sécurité est une préoccupation majeure et il y a beaucoup de travail en shifts, dont certains débutent très tôt. La mobilité nocturne reste problématique. Pas de problème pour rejoindre Brussels Airport en transports en commun durant la journée, mais quand il faut prendre le travail à deux ou trois heures du matin, les possibilités de transport sont très réduites. Il y a juste le bus de nuit, qui part de l’hôpital Érasme. C’est un inconvénient majeur pour de nombreux Bruxellois. Nous passons actuellement en revue toutes les possibilités de mobilité et voulons rencontrer les pouvoirs publics compétents à ce sujet. Cette étude permettra de déterminer où il est utile de prévoir de nouvelles lignes de transports en commun. »

Cécile Huylebroeck espère que les efforts d’Aviato en inspireront d’autres. « Nous encourageons les gouvernements régionaux à mieux exploiter le marché de l’emploi bruxellois par le biais d’une coopération. » Elle rejoint l’appel que le professeur Ludo Struyven a lancé aux futurs ministres de l’Emploi lors de la présentation de l’étude. « Bruxelles ne pourra pas résoudre ce problème toute seule. »

BECI Community 3 juin 2019
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