Les Bruxellois font-ils carrière ?

25 mai 2023 par
BECI Community

Comment se déroule la carrière des Bruxellois ? Qui trouve plus facilement un emploi de qualité et durable ? Quels sont les secteurs d’emploi les plus porteurs ? L’HIVA, l’institut de recherche sur le travail et la société, affilié à la KU Leuven, a examiné ces questions. En voici les principales conclusions.

Bruxelles est une ville dynamique et cosmopolite, qui abrite de nombreuses entreprises, organisations internationales, institutions gouvernementales et universités. Elle offre donc un large éventail d’opportunités professionnelles dans différents secteurs d’activité. De plus, en tant que capitale de l’Union européenne, Bruxelles est le siège de nombreuses institutions européennes, ce qui en fait un centre important pour les activités liées à l’Union européenne. Cela offre des possibilités de carrière dans des domaines tels que la politique, la diplomatie, les affaires publiques, les relations internationales, etc. Pour autant, les Bruxellois ne font pas tous carrière…

En effet, les habitants de la Région Bruxelles-Capitale (RBC) forment un groupe très diversifié, avec certains profils vulnérables et des défis spécifiques. Le taux d’emploi des Bruxellois est plus faible que celui des autres Régions. D’après les derniers chiffres de l’Office belge de statistique (Statbel), le taux d’emploi à Bruxelles est de 63,5 %, contre 71,1 % en Flandre et de 62,5 % en Wallonie. À Bruxelles, le taux de chômage est élevé, il y a beaucoup de jeunes, de personnes faiblement qualifiées et de nationalité ou d’origine étrangère. Ces caractéristiques ont un impact sur la probabilité d’accéder facilement au marché du travail.

Bernard Clerfayt, ministre bruxellois de l’Emploi et de la Formation Professionnelle : « Plus on est éloigné du marché du travail, moins on a de chance de décrocher un emploi. »

Les secteurs porteurs

Les Bruxellois travaillent dans une grande variété de secteurs, mais certains secteurs sont plus représentatifs que d’autres. Selon Statbel, les secteurs les plus porteurs en termes d’emploi dans la capitale sont les suivants :

Services aux entreprises et administration publique (33,4 %)
Commerce de gros et de détail ; réparation de véhicules automobiles et de motocycles (18,3 %)
Santé humaine et action sociale (13,9 %)
Information et communication (10,7 %)
Industrie manufacturière (7,1 %)

 

Quel régime de travail pour les Bruxellois ?

La majorité des Bruxellois (74 %) travaillent à temps plein. Le régime d’emploi est fortement corrélé au niveau d’éducation. Les Bruxellois hautement qualifiés occupent plus souvent des emplois à temps plein tandis que les Bruxellois moyennement et faiblement qualifiés occupent relativement plus souvent des emplois à temps partiel. Environ un quart de ces derniers sont recrutés dans un emploi flexible avec des horaires irréguliers. Le taux d’emploi à temps partiel varie également en fonction de l’âge, du genre et de la profession des travailleurs. Par exemple, les femmes ont tendance à travailler plus souvent à temps partiel que les hommes (40 % contre 24 %). Les jeunes sont également plus souvent recrutés avec des contrats à temps partiel.

Certains secteurs ont davantage recours à des contrats courts et irréguliers, notamment le travail temporaire ou le travail occasionnel dans l’agriculture et l’horeca. D’autres secteurs se caractérisent, à l’inverse, par une forte proportion d’emplois stables ou de longue durée.Citons par exemple le secteur financier, l’administration publique et la défense, les professions libérales et scientifiques, l’industrie, l’immobilier, le secteur de la santé, le transport et l’entreposage, et les TIC. 

Tim Goesaert, chercheur senior en éducation et marché du travail à HIVA-KU Leuven : « Un grand nombre de Bruxellois travaillent dans des secteurs vulnérables tels que l’horeca, le commerce de détail et l’intérim. Ces secteurs, s’ils constituent une importante voie d’entrée pour les jeunes, les personnes peu qualifiées et les Bruxellois d’origine extracommunautaire, n’offrent pas toujours de vraies perspectives. »

Tim Goesaert, chercheur à HIVA-KU Leuven : « Un grand nombre de Bruxellois travaillent dans des secteurs vulnérables. »

Où travaillent les Bruxellois ?

L’emploi domestique de la RBC est élevé et de nombreux Flamands et Wallons font la navette vers la capitale tous les jours. Il existe également un flux inverse : les Bruxellois qui font la navette vers la Flandre et la Wallonie. Si 74 % des Bruxellois trouvent un emploi au sein de leur Région, ils sont 19 % à aller travailler en Flandre et 7 % en Wallonie. La majorité de ces navetteurs travaillent dans les arrondissements de Halle-Vilvoorde et Nivelles, Anvers, Malines, Louvain et Gand.

Les Bruxellois recrutés en Wallonie ont un profil plus fort que ceux recrutés en Flandre. Ils sont un peu plus âgés, plus souvent des hommes, plus souvent hautement qualifiés et d’origine belge, et occupent plus souvent les emplois les mieux rémunérés. Cela peut s’expliquer (partiellement) sur une base sectorielle. En Flandre, une plus grande proportion des recrues bruxelloises est employée dans le secteur de l’intérim alors qu’en Wallonie, les Bruxellois sont davantage employés dans l’industrie pharmaceutique, l’enseignement et les TIC.

La formation, un ticket d’entrée sur le marché de l’emploi

Les Bruxellois sans diplôme du secondaire sont plus susceptibles de se retrouver dans des emplois à court terme avec des horaires irréguliers et courent plus de risques d’être au chômage. Les chercheurs d’emploi bruxellois peu qualifiés et les Bruxellois inactifs constituent un groupe particulièrement vulnérable et ont moins de chances de trouver leur place sur le marché du travail. En revanche, les profils hautement qualifiés trouvent beaucoup plus facilement leur chemin vers le marché du travail.

L’étude montre aussi que l’emploi mène à l’emploi. Ainsi, les Bruxellois qui ont déjà un emploi sont 74 % à être toujours employés trois ans plus tard. En cause : le développement de nouvelles compétences, l’acquisition de nouvelles expériences ou de nouveaux réseaux professionnels, ou encore une amélioration de la confiance en soi et de l’estime de soi.

À l’inverse, une personne qui alterne souvent des périodes d’emploi avec des périodes de chômage ou d’inactivité, court plus de risque d’être confrontée à des périodes de chômage et à une carrière souvent moins durable. Bernard Clerfayt, ministre bruxellois de l’Emploi et de la Formation Professionnelle commente : « Ce n’est pas neuf, plus on est éloigné du marché du travail, moins on a de chance de décrocher un emploi. Pour permettre à plus de Bruxellois de décrocher un emploi, il faut miser encore plus sur la formation. C’est grâce au bilan de compétences linguistiques, numériques et professionnelles complété d’un parcours de formation que les chercheurs d’emploi bruxellois pourront se profiler sur le marché de l’emploi et être rapidement embauchés. »

« Les résultats de cette enquête montrent que nous ciblons déjà les groupes les plus vulnérables, mais nous devons sortir au plus vite de la spirale négative qui menace certains Bruxellois sans emploi. C’est ce que nous voulons faire avec les objectifs stratégiques de notre nouveau Contrat de gestion : un accompagnement sur mesure aussi bien pour les chercheurs d’emploi que les employeurs. Nous allons également accompagner plus intensivement les chômeurs de longue durée en travaillant avec eux sur les freins qu’ils rencontrent dans leur recherche d’emploi, en mettant l’accent sur le développement de leurs compétences », conclut Cristina Amboldi, directrice générale d’Actiris.

Cristina Amboldi, directrice générale d’Actiris : « Nous devons sortir au plus vite de la spirale négative qui menace certains Bruxellois sans emploi. »

Quelques chiffres :

63,5 % : le taux d’emploi à Bruxelles
60 % des Bruxellois sont peu ou pas qualifiés
74 % des Bruxellois travaillent à temps plein
74 % des travailleurs bruxellois ont un emploi dans la capitale. 19 % sont employés en Flandre et 7 % en Wallonie.
BECI Community 25 mai 2023
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