L’immobilier sort de l’immobilisme

22 mai 2018 par
BECI Community

Depuis quelques années, l’immobilier prend un virage déterminant vers les nouvelles technologies. L’objectif : améliorer les services et les produits immobiliers et répondre aux nouveaux besoins des usagers. La course à l’innovation est déjà bien lancée. La preuve par trois.

Longtemps, le secteur de l’immobilier a été considéré comme un dinosaure, passif et immobile. Pourtant, depuis quelques années, on observe une prise de conscience de la nécessité d’aller de l’avant, que ce soit via des projets mixtes, des espaces communs, des nouvelles technologies…. Pour répondre aux nouvelles attentes du public, de nombreuses petites sociétés ont profité de la digitalisation pour lancer leur start-up et profitent pleinement de ces nouveaux outils. Nous avons été à la rencontre de trois d’entre elles.

La colocation 2.0

Créée en 2016, Cohabs est un réseau de maisons partagées qui offre des solutions de logements entièrement meublés, flexibles, pour les jeunes actifs à Bruxelles. « La colocation, ce n’est pas neuf », commente Youri Dauber, fondateur et CEO de Cohabs. « Mais beaucoup de colocations sont exploitées de façon opportuniste. Avec mes associés, nous voulions mettre en place un projet qui soit vraiment communautaire et adapté aux besoins de la génération Y. »  

Les jeunes entrepreneurs ont donc repensé le concept de la colocation et son modèle économique, en misant sur les nouvelles technologies pour se différencier de leurs concurrents et attirer une cible bien précise.

« La technologie, bien implémentée, prend beaucoup de sens dans la nouvelle façon de vivre des gens. » Youri Dauber (Cohabs)

« Notre approche est presque entièrement basée sur les nouvelles technologies », explique Youri. « En pratique, tout se fait via notre site et notre application. » Le candidat locataire pose sa candidature et demande un rendez-vous. Il reçoit une réponse par mail et, si sa candidature est acceptée, le bail est envoyé et signé en ligne… Bref, tout est automatisé. « Le choix des nouveaux colocataires, par contre, est laissé aux membres de la colocation. Ce sont eux qui vivent ensemble, c’est donc à eux de voir si le candidat convient à l’état d’esprit de la maison ou pas », précise Youri.

Une fois qu’on est membre de la colocation, l’app’ permet plein de choses : ouvrir la porte de la maison, régler le thermostat, commander des services comme du nettoyage ou du repassage, signaler un incident, un déménagement, créer un évènement, etc. « Avec Cohabs, nous souhaitons professionnaliser la colocation, la rendre plus crédible et plus sûre. » 

Pour Youri, plus le processus de colocation est structuré et bien pensé, plus les gens seront enclins à opter pour ce type de logement. « Nous recevons pas mal de demandes d’entreprises pour des locations à long terme, mais ce n’est pas vraiment notre créneau. Ce que nous souhaitons, c’est lier des gens à priori isolés qui ont envie de créer des liens. »

Youri est convaincu que les nouvelles technologies sont l’avenir de l’immobilier. « La technologie, bien implémentée, prend beaucoup de sens dans la nouvelle façon de vivre des gens. Dans notre cas, ce qui est un peu paradoxal, c’est que c’est justement cette technologie (a priori plutôt impersonnelle) qui permet de créer l’esprit communautaire recherché. Avec notre offre de co-living, on essaye de rencontrer les valeurs de la nouvelle génération. »

Travailler, vivre et sortir en ville

Smartflats, c’est une start-up made in Brussels qui propose des résidences de tourisme en s’appuyant sur les nouvelles technologies pour offrir un maximum de services à ses clients. Le concept : accueillir des hôtes de passage dans des logements où ils peuvent se sentir comme chez eux. « Les habitudes de consommation changent au niveau mondial, y compris dans le secteur de l’immobilier », commente Alexandre Szmaj, cofondateur et administrateur-délégué de Smartflats.

« Les nouvelles technologies sont nécessaires pour répondre aux nouveaux besoins des consommateurs et sortir l’immobilier de son inertie. » Alexandre Szmaj (Smartflats)

L’idée de base est donc de proposer de vrais logements dans des centres urbains pour de courtes ou de longues durées, avec de la flexibilité dans la vérification des disponibilités, dans la réservation, l’accès au bien, la commande de services supplémentaires, etc. 

« Nous proposons un processus beaucoup plus court et rapide que celui de la location classique, sans état des lieux, sans rendez-vous, sans bail à enregistrer, etc. Nos différents services sont disponibles 24 heures sur 24 et notre application nous permet de chatter avec nos clients partout et tout le temps. La conciergerie est dématérialisée : plus besoin d’attendre sous la pluie que quelqu’un vienne vous remettre la clé de votre appartement. La technologie nous permet d’offrir à nos résidents les services qu’ils attendent », développe-t-il.

Indépendamment des appartements, Smartflats propose aussi des espaces de co-working tout près de ses logements. « Dans les hypercentres urbains, il y a une demande mondiale de pouvoir à la fois travailler, se loger et se divertir au même endroit, que ce soit pour de courtes ou de longues durées », assure Alexandre. Lancée en 2012, la société n’a pas cessé de se développer et dispose aujourd’hui d’implantations dans les principales villes de Belgique.

Le jeune entrepreneur est convaincu que l’immobilier, comme les autres secteurs, ne peut pas passer à côté de la numérisation. « Les nouvelles technologies sont nécessaires pour répondre aux nouveaux besoins des consommateurs et sortir l’immobilier de son inertie », se réjouit-il. 

« On sent qu’une nouvelle dynamique est en train de se créer. La rue Neuve, le Meir à Anvers sont de très chouettes localisations où il est tout à fait possible de développer ce type de projets mixtes et de redonner un second souffle à ces quartiers. » Deuxième ville la plus cosmopolite du monde, Bruxelles est un lieu où la demande pour ce type de service est gigantesque. « Ce serait donc dommage de rater le coche ! »

Concevoir, construire et maintenir en 3D

Spécialisée dans les solutions informatiques pour l’architecture, l’ingénierie et la construction, Tase Solutions propose des solutions de modélisation des données du bâtiment (BIM). Issue du monde de l’aéronautique et de l’automobile, la méthode BIM consiste à créer un prototype digital de ce que l’on veut construire en 3D et à simuler tout ce qui est possible et imaginable. 

« Ainsi, dans le secteur de l’immobilier, on va simuler en 3D la construction, créer un chantier numérique sur lequel tous les corps de métier vont pouvoir intervenir et construire virtuellement », explique Emmanuel Petit, Managing Director.

« Les enjeux sont majeurs. À long terme, les acteurs du secteur de la construction qui ne travaillent pas avec la méthode BIM seront exclus de toute une série de projets » Emmanuel Petit (Tase Solutions)

Les avantages de cette méthode de travail sont nombreux. « Cela permet, notamment, d’améliorer la compréhension du projet et le processus de prise de décision, de partager et utiliser les mêmes données, de façon homogène, dans l’ensemble du cycle de vie du projet et de réagir rapidement en cas de besoin », précise Emmanuel Petit. Utiliser le BIM permet aussi de remettre au client des devis extrêmement précis et ne plus imposer des marges ou des suppléments importants au client.

Concrètement, Tase Solutions aide le secteur de la construction à travailler selon la méthode BIM. « On conseille les entreprises du secteur. On les informe, on les forme et on les accompagne. Nous déléguons aussi du personnel pour renforcer des équipes de projet. » Pour que les utilisateurs potentiels se rendent compte des avantages de cette méthode, Tase a créé à Bruxelles un centre d’expérience BIM. « Au Bimex, on pourra tester la réalité virtuelle et augmentée, créer et optimiser un protocole BIM, simuler l’interaction entre le chantier et le bureau d’étude… », développe M. Petit. 

Autre projet en cours : créer un espace de travail pour des professionnels qui veulent utiliser et approfondir le BIM mais ne disposent pas de la technologie et des logiciels nécessaires. « Notre objectif sera de mettre à leur disposition des stations de travail, des technologies et des spécialistes pour qu’ils puissent produire leurs dossiers, collaborer, présenter leur projet. »

Depuis dix ans, l’équipe de Tase Solutions sensibilise le secteur de la construction à l’utilisation des nouvelles technologies. « Les enjeux sont majeurs. Dans une réglementation récente, la Commission européenne autorise les pays membres à rendre l’utilisation du BIM obligatoire. Concrètement, à long terme, les acteurs du secteur de la construction qui ne travaillent pas avec la méthode BIM seront exclus de toute une série de projets », assure-t-il. Selon lui, la méthode BIM est la clé de la numérisation du secteur de la construction et devra de plus en plus faire partie de la vision de l’entreprise.

BECI Community 22 mai 2018
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