Accidents du travail : mieux vaut prévenir

29 novembre 2018 par
BECI Community

Un accident est vite arrivé, au travail comme ailleurs. D’après Fedris, l’Agence fédérale des risques professionnels, plus de 160.000 déclarations d’accident de travail ont été enregistrées en 2017, soit 2,5 % de plus que l’année précédente. Quels sont les accidents les plus fréquents ? Comment s’en prémunir ? Quelles sont vos obligations en tant qu’employeur ? Réponses d’experts.

 

En Belgique, toute entreprise est tenue de souscrire un contrat d’assurance auprès d’une compagnie privée pour protéger ses employés en cas d’accident du travail. Cette assurance permettra à l’employé d’être remboursé de ses frais médicaux, d’être rémunéré pendant son incapacité de travail et d’être indemnisé en cas d’invalidité permanente… Pour autant que l’accident du travail soit reconnu comme tel…

Selon la loi du 10 avril 1971, un accident est défini comme tout événement soudain qui se produit sur le chemin du travail ou lors de l’exécution du contrat de travail et qui cause une lésion au travailleur. S’il n’y a pas de lésions physiques ou psychosociales, l’événement ne sera pas reconnu comme un accident du travail. « Cela suppose aussi que le travailleur soit dans l’exercice de ses fonctions au moment de l’accident. Si un travailleur va faire une séance de shopping sur son temps de midi et tombe dans l’escalier roulant, ce ne sera pas reconnu comme un accident du travail », précise Johan Olbrechts, Manager Conseil Prévention chez Axa.

 

Johan Olbrechts

 

Top des accidents les plus fréquents

Selon le secteur d’activité et la fonction, les risques d’accidents de travail peuvent être différents. Certains secteurs sont naturellement plus touchés. Ainsi, en 2016, 60 % des accidents de travail enregistrés par Fedris concernaient des ouvriers. D’après une enquête menée par Axa, entre 2013 et 2017, les chiffres sont très stables. « Malgré l’apparition de nouveaux métiers et de nouvelles technologies, on ne voit pas de nouvelles tendances apparaître dans les incidents déclarés. Tant le type d’accident, que les blessures ou encore le nombre de jours d’incapacité de travail restent stables », explique Brigitte Bert, Ingénieur Prévention chez Axa.

 

Brigitte Bert

 

Parmi les causes d’accidents de travail les plus fréquentes on retrouve ainsi :

1. Un faux mouvement (30 %)

2. La perte de contrôle d’une machine (20 %)

3. Un accident lié à un produit chimique (16,2 %)

4. Une chute de plain-pied (13,8 %)

5. Une rupture ou chute d’objet (12,2 %)

 

Les accidents liés à l’électricité, au feu ou à une explosion comptent, pour leur part, parmi les circonstances les plus rares (moins de 2%).

L’âge et l’ancienneté jouent un rôle dans les accidents du travail. Ainsi, 18 % des accidents entraînant une incapacité surviennent au cours de la première année de travail. Un chiffre qui grimpe à 53 si on élargit le scope aux travailleurs ayant moins de 5 ans d’ancienneté. « Ces chiffres prouvent l’importance d’un bon accompagnement en matière de sécurité et de prévention dès l’accueil dans une entreprise », constate Kleopatra Van den Bergh, conseillère en prévention chez Mensura. En ce qui concerne l’âge des travailleurs, les 30-50 ans sont les plus touchés.

Toujours d’après l’enquête d’Axa, 40 % des accidents de travail n’entraînent pas d’incapacité de travail. 25 % des accidents engendrent une semaine d’incapacité et seuls 7 % des accidents de travail entraînent une incapacité de travail de plus de 3 mois.

 

Le chemin du travail, potentiellement plus mortel

Les accidents sur le chemin du travail représentent pour leur part 15 % de la totalité. Ils sont souvent plus graves et plus souvent mortels que les accidents sur le lieu de travail. Ainsi, en 2016, plus de 4.150 accidents du travail se sont produits dans la circulation, entraînant près de 112.200 jours d’incapacité. Environ 400 de ces accidents ont entraîné une incapacité permanente et 9 ont entraîné la mort. Brigitte Bert de commenter : « Les habitudes des travailleurs changent. Les vélos électriques, les Segway et autres nouveaux moyens de transport alternatifs sont sources de nouveaux accidents sur le chemin du travail. Le fait que la circulation se densifie de plus en plus est aussi un facteur aggravant. »

 

Nouvelles tendances

Même si, globalement, les causes d’accident du travail restent stables, certains risques sont en baisse. Les accidents liés aux agents chimiques, par exemple, ont diminué, passant de 18 à 14 %. « La nouvelle législation sur les agents chimiques a permis de sensibiliser les entreprises et d’augmenter les mesures de sécurité nécessaires », commente Johan Olbrechts. Kleopatra Van den Bergh se réjouit pour sa part de constater que les accidents de travail chez les intérimaires sont aussi en baisse.

La conseillère en prévention souligne par contre une forte complexification des dossiers : « Citons par exemple le cas de petites structures qui travaillent avec un sous-traitant, qui lui-même emploie des travailleurs temporaires…. Tous ces éléments rendent la gestion et l’évaluation du dossier de plus en plus compliquée. Nous sommes aussi de plus en plus fréquemment confrontés à des travailleurs d’origine étrangère, qui ne parlent pas toujours notre langue et ne connaissent pas les lois belges », assure-t-elle.

 

Focus sur la prévention

Sur plus de 140.000 accidents du travail déclarés chez Axa entre 2013 et 2016, 85 ont connu une issue fatale et plus de 8.000 ont entraîné une invalidité permanente. « Bien que ce chiffre paraisse encore élevé, il faut garder en tête que le nombre d’accidents mortels sur le lieu de travail a diminué de 71 % en 30 ans, grâce aux politiques de prévention mises en place », commente Johan Olbrechts.

Il attire toutefois notre attention sur le fait que la donne n’est pas la même pour toutes les entreprises : « On constate malheureusement que certaines petites entreprises ont moins de moyens en matière de sécurité et ne sont parfois même pas au courant de leurs obligations légales. C’est pourquoi il est très important de les sensibiliser et de leur faire connaître les aides auxquelles elles ont droit, notamment via leur service externe de prévention. Ainsi, des organismes tels que Mensura aident les petites entreprises dans la gestion de leurs risques. » Kleopatra Van den Bergh (Mensura), indique pour sa part : « Nous donnons des conseils et organisons des visites d’entreprises, nous avons aussi un médecin d’entreprise et des conseillers psycho-sociaux… Nous avons vraiment un rôle important à jouer dans la gestion des risques au sein des petites entreprises. »

Les assureurs privés tiennent aussi à apporter leur pierre à l’édifice. Ainsi, Axa développe depuis plusieurs années des approches de prévention sectorielles pour mieux aider ses assurés. « On développe des fiches ludiques, des brochures d’accueil, des affiches de prévention… Ces mesures doivent aider les petites entreprises qui n’ont pas les moyens de créer ce type d’outils elles-mêmes », conclut Brigitte Bert.

 

5 conseils pour éviter les accidents de travail

Gardez les postes de travail propres, dégagez les allées, nettoyez immédiatement les produits déversés… L’ordre et la propreté sont à la base de la prévention des accidents du travail.

Donnez des instructions de sécurité claires. Assurez-vous que les employés connaissent ces consignes. Répétez-les régulièrement. Faites parrainer les nouveaux employés par des collègues expérimentés.

Achetez du matériel de travail sûr et des équipements de protection de bonne qualité. Impliquez le conseiller en prévention dans la procédure d’achat et veillez au confort des travailleurs.

Veillez à disposer de suffisamment de matériel de premiers secours et de personnel qualifié pour pouvoir fournir les premiers soins.

Enregistrez et enquêtez sur les incidents et les accidents. Cela vous permettra d’en trouver les causes et de prendre des mesures correctives. Enquêter sur les « quasi-accidents » est aussi très utile pour éliminer les causes d’éventuels futurs accidents.

 

BECI Community 29 novembre 2018
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