Faillite et différences culturelles : petit tour d’horizon

4 mars 2021 par
BECI Community

Malgré la mondialisation et une économie de plus en plus transversale, l’image et l’acceptation de l’échec entrepreneurial varient considérablement d’un pays à l’autre. Selon la culture, la vision de la faillite peut aller de l’étape vers la réussite à un échec définitif.  

 Depuis toujours, la faillite a été stigmatisée. Dans la Grèce antique déjà, celui qui ne pouvait honorer ses emprunts était condamné à être « esclave par la dette », au service de son créditeur jusqu’à extinction de la dette. C’était malgré tout un statut privilégié, puisqu’il mettait à l’abri des sévices physiques infligés aux autres esclaves. En Asie, sous le règne de Gengis Khan, celui qui tombait en faillite à trois reprises était carrément condamné à mort. De nombreux autres exemples de punition de la faillite et d’humiliation publique du failli existent dans toutes les parties du monde, et à toutes les époques.   

La culture impacte la vision de la faillite 

Aujourd’hui encore, dans de nombreux pays, notamment en Europe continentale, la faillite reste associée à quelque chose de honteux, de déshonorant et de méprisable. Dans les pays qui partagent cette vision, tout concourt à culpabiliser le failli : les lois sont plus sévères, les amis prennent leurs distances, les clients et fournisseurs deviennent méfiants… Pour les banques, c’est encore pire : le failli est fiché sur liste noire. Pour lui, c’est un cercle vicieux car toutes ces sanctions et ce sentiment de méfiance l’empêchent de se relancer. 

Heureusement, d’autres cultures, États-Unis en tête, considèrent l’échec comme une voie naturelle vers la réussite, à condition toutefois qu’elle permette d’apprendre de ses erreurs. Cette vision favorise le dynamisme économique et permet au failli de mettre plus rapidement ses talents au service d’un nouveau projet. Peu à peu, cette mentalité gagne les autres continents, même si le changement est progressif. 

Les États-Unis, pionniers du rebond 

Pourquoi cette différence de vision de la faillite ? Pour comprendre l’attitude des Américains, souvenons-nous d’abord que les États-Unis ont initialement été peuplés de colons européens, débarquant sur la côte Est. Très rapidement, ils sont partis à la conquête de l’Ouest, massacrant les Amérindiens au passage. Ces colons étaient pour la plupart des gens pauvres, prêts à tout pour améliorer leurs conditions de vie. Ceux qui s’élançaient vers l’Ouest et ses promesses de richesse étaient des audacieux, prenant des risques élevés pour aller de l’avant. Parallèlement, le colon devait être capable de se débrouiller seul en toutes circonstances, ce qui a forgé l’esprit d’initiative et d’entrepreneuriat. Des siècles plus tard, cet esprit de conquête et de prise de risque reste central à la culture américaine. 

Aujourd’hui encore, les USA cultivent l’idée du self-made-man, capable d’atteindre les sommets en partant de rien. Là-bas, on estime qu’un failli s’est enrichi en expérience et qu’il augmente ainsi ses chances de réussite pour ses prochaines tentatives. Le failli n’est pas un pestiféré, mais un gagnant en devenir. Pas question toutefois de répéter les mêmes erreurs, mais bien d’adopter des approches innovantes. Certains prétendent même qu’un entrepreneur ne réussit vraiment qu’à son troisième essai. La législation, l’accès aux capitaux, les encouragements des proches… tout contribue à faciliter l’entrepreneuriat et la prise de risque. Le Royaume-Uni a une vision de la faillite et du rebond assez similaire à celle des États-Unis 

La subtilité de la vision asiatique 

De l’Inde au Japon, la perception de la faillite résulte d’un subtil équilibre entre différents traits culturels. En Asie, l’entrepreneuriat a globalement une image très positive. Toutefois, en cas de faillite, les choses se compliquent. En effet, l’entrepreneur a un engagement moral envers ses salariés. Ces derniers se dévouent sans compter pour assurer la prospérité collective. En contrepartie, le chef d’entreprise doit garantir l’emploi. La faillite rompt cet accord tacite et est vécue par le personnel comme une forme de trahison. Autre trait marquant lié à la culture asiatique : l’obsession de ne jamais perdre la face. La faillite est donc considérée comme particulièrement offensante pour le failli, mais aussi pour toute sa famille. L’auto-culpabilisation est ici plus forte que dans d’autres parties du monde, même si la globalisation tend aussi à relativiser ces comportements : le failli japonais se réfugie dans la honte, mais ne fait plus hara-kiri comme le lui dictait autrefois la tradition. Comme partout dans le monde, ce sont les jeunes générations qui incitent à des changements de mentalité, pour tendre vers des modèles observés à l’étranger.  

La vieille Europe, en route vers le changement  ? 

En Europe, grâce à la mutation de l’Union Européenne, la perception de la faillite évolue vers une vision qui se rapproche progressivement de celle des États-Unis. Et c’est une nécessité si l’on souhaite éviter une hémorragie de talents européens vers des pays où la prise de risques est mieux perçue et acceptée. Depuis 2007 déjà, la Commission Européenne recommandait aux États membres de mettre en place des mesures pouvant aider les faillis à rebondir. Ces mesures portent notamment sur la valorisation des entrepreneurs de la seconde chance dans les médias, la stigmatisation de l’échec dans les programmes éducatifs, l’adoption de lois distinguant les faillites frauduleuses de celles qui ne le sont pas, ainsi que sur la mise en place de soutiens financiers, psychologique et technique pour aider les entrepreneurs à rebondir.  

Le rebond, enfin facilité en Belgique 

La situation en Belgique est en pleine évolution, mais le chemin reste long pour atteindre les scores de rebond anglo-saxons. Au point de vue législatif, la loi sur l’insolvabilité, entrée en vigueur en mai 2018, facilite le rebond. L’ancien système « d’excusabilité » a été remplacé par l’effacement complet du solde de la dette. Le failli de bonne foi peut ainsi rebondir plus facilement et plus rapidement. En 2019, la réforme du code des sociétés allège par ailleurs significativement les formalités et contraintes à la création d’entreprise. La nouvelle SRL (société à responsabilité limitée), qui deviendra la norme, n’impose plus de capital minimal. Les lois progressent donc dans le sens de la deuxième chance 

Toutefois, les mentalités doivent encore évoluer pour que le failli ne se sente plus stigmatisé, puisse se recentrer sur un nouveau projet professionnel durable, trouver des sources de financement et mettre ses talents et son expérience à profit. L’échec entrepreneurial reste encore trop souvent associé à la faillite frauduleuse, alors que la majorité de celles-ci résulte plutôt d’un concours de circonstances frappant un entrepreneur honnête mais malchanceux.   

Comment favoriser le rebond  ? 

Le rebond ne sera possible que si le failli peut effectuer un travail de reconstruction psychologique, analysant les causes de l’échec passé, les conditions permettant d’éviter une récidive, une analyse objective de ses forces et faiblesses, la définition d’objectifs de vie… Le failli peut alors passer à la seconde phase de son rebond : créer un nouvel avenir professionnel. C’est cela qui permettra aux faillis d’aujourd’hui d’être les créateurs d’emploi de demain. 

 

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Pour aider les entrepreneurs faillis, de plus en plus de structures d’aide au rebond voient le jour. Chez Beci, en collaboration avec la Région de Bruxelles-Capitale, le programme reSTART aide les entrepreneurs en faillite à rebondir.

Contact :  

Eric Vanden Bemden, Conseiller reStart02 563 68 56 – evb@beci.be 

BECI Community 4 mars 2021
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