ScaleFund III : un fonds tech nourri d’expertises

16 octobre 2025 par
Philippe Beco

Avec son nouveau fonds orienté digital, deeptech et cleantech, ScaleFund entend combler un vide sur le marché du financement des sociétés en croissance.  

Et de trois… Au début de l’été, ScaleFund annonçait le lancement de son troisième fonds de capital-risque destiné à soutenir des sociétés actives dans la digitalisation, la deeptech et la cleantech. L’objectif annoncé est de doter ce nouvel outil de 30 millions d'euros d’ici l’année prochaine, quand ses deux prédécesseurs s’élevaient respectivement à 2,5 millions et 10 millions d'euros. « La stratégie d’investissement demeure assez similaire mais cette taille doit nous permettre d’investir dans 15 ou 20 sociétés supplémentaires » explique Claire Munck, Managing Partner du ScaleFund. Celle qui est aussi CEO du réseau d'investisseurs BeAngels souligne encore que ScaleFund III sera particulièrement centré sur la transformation digitale, la deeptech et la cleantech.

Si, comme les versions I et II, ScaleFund III se destine en grande partie à des financements dits de pré-Série A, ce nouveau véhicule inclut deux poches supplémentaires. En amont, un compartiment « seed » permettra des tickets d’investissement dans des sociétés moins avancées dans leur développement, mais portées par des entrepreneur·es expérimenté·es. Une poche serie A s’adressera, elle, aux sociétés plus matures, auxquelles le réseau très qualitatif constitué par le fonds depuis sa création pourra aussi apporter son expertise.

Comment concevez-vous les investissements de pré-série A de ce nouveau fonds ?

Claire Munck : « On parle ici de tickets entre 400 et 500.000 euros sur des levées de fonds entre 1 et 3 millions d’euros. Nous prenons systématiquement des parts minoritaires dans des sociétés qui ont trouvé leur product-market fit et génèrent déjà du revenu. Elles veulent sortir de la phase artisanale, se professionnaliser et accélérer leur déploiement commercial. Nous adorons entrer dans ces projets en tant que premier fonds d’investissement structuré à bord car, au-delà du capital, nous pouvons y maximiser notre apport d’expérience dans tous les aspects de la préparation à la croissance, dont la gouvernance ».

Pourquoi ces poches d’investissements supplémentaires ?

« Nous voulons coller aux évolutions de l’écosystème. Depuis quatre ou cinq ans, avec BeAngels, nous avons vu une accélération. De plus en plus d’entrepreneurs qui ont procédé à un premier exit rejoignent la communauté d’investisseurs ou tentent une nouvelle aventure. Souvent, ils réinvestissent les fonds issus de leurs premiers succès dans leur nouveau business et empruntent des voies différentes de celle, traditionnelle, des « business angels » puis du Venture Capital. Or nous voulions pouvoir accompagner de tels projets également ».

Les deeptechs sont des sociétés de rupture à fort ancrage scientifique. Investir dans de tels acteurs requiert-il de s’équiper d’une expertise particulière ?

« Oui, c’est pourquoi Scale III s’entoure de venture partners, des professionnels qui ont investi dans le fonds ou lui sont proches et disposent de compétences très spécifiques ou d’une expérience entrepreneuriale dans des secteurs de pointe. C’est le cas, par exemple, de François Torche, le fondateur de CluePoints. Nous pouvons aussi nous appuyer sur la très grande richesse professionnelle du réseau de BeAngels, dont les 600 membres nous aident à évaluer le potentiel des dossiers que nous recevons ».

A quoi répond la participation d’Agoria, Invest.BW et Wallonie Entreprendre dans le fonds ?

« Tout comme pour Scale II, l’horizon géographique comprend la Belgique, le Luxembourg et la France, et éventuellement les Pays-Bas et la Suisse, où nous disposons aussi de bons réseaux. Les invests comprennent que quand nous investissons dans une société française, nous avons la capacité d’accélérer leur développement en Belgique et au Luxembourg, avec à la clé l’installation d’un siège et des emplois. Par ailleurs, si l’on trouve encore relativement aisément du capital d’amorçage, les fonds de capital-risque, qui privilégient aujourd’hui le rendement à la croissance, se sont déplacés sur la chaine. Ils exigent parfois 2 millions d’euros de revenus récurrents pour s’investir. ScaleFund comble donc utilement un vide actuel sur le marché du financement, ce qui est apprécié par ces institutionnels.

Quelle taille de participation recherchez-vous ?

« Nous investissons en tant que minoritaire mais nous avons la capacité de jouer le rôle de lead investor dans les différentes opérations, c’est-à-dire mener l’analyse approfondie des dossiers et structurer le tour de financement. Souvent, des entreprises qui ont besoin d’un ou trois millions d’euros reçoivent un accueil favorable des grands fonds mais ces derniers n’ont pas le temps de prendre le lead sur des dossiers qu’ils considèrent de trop petite taille. Là encore, les uns et les autres sont heureux de notre implication, qui génère l’effet d’entraînement ». 

Quel est l’impact de l’IA sur votre secteur d’activité ?

« Elle a amené les investisseurs à se questionner sur l’exposition de leur portefeuille aux disruptions qu’elle amène. Cela a créé pas mal d’incertitude, encore renforcée en Belgique par le contexte de soutien à l’innovation chaotique, de la réforme des droits d’auteurs à la taxation sur les plus-values. Pour le reste, au quotidien, l’IA permet d’enrichir et d’accélérer le processus d’analyse, que ce soit l’étude d’un marché, sa profondeur, le niveau de concurrence,... L’IA nous assiste aussi dans le sourcing, la préparation des questions aux entrepreneurs et la gestion des dossiers. Mais comme ailleurs, nous devons prendre garde à ce qu’elle ne renforce pas les biais. Et puis, ce qui fait la force d’un projet, cela reste avant tout la qualité de l’équipe. Notre métier reste fondamentalement humain ».

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