Entreprendre au féminin

15 février 2024 par
BECI Community

L’idée que l’entrepreneuriat est réservé aux seuls hommes appartient désormais au passé. En effet, les femmes sont de plus en plus nombreuses à prendre les rênes de leur destin professionnel. Avec quatre entreprises individuelles sur dix créées par des femmes, le paysage entrepreneurial belge se féminise de plus en plus. Les entrepreneuses, réputées pour leur prudence et leur organisation, dirigent leurs entreprises avec une maîtrise remarquable. Enquête et témoignage.

Commençons par quelques chiffres clés sur l’entrepreneuriat féminin. Si ce domaine a longtemps été dominé par les hommes, ces dernières années ont vu un changement significatif. Selon les données de l’INASTI, le nombre de femmes indépendantes en Belgique a augmenté de 12,04 % au cours des cinq dernières années. Aujourd’hui, les femmes représentent environ 40 % des travailleurs indépendants.

Depuis plusieurs années, la croissance du nombre d’indépendants est proportionnellement plus forte chez les femmes que chez les hommes, réduisant ainsi petit à petit l’écart genré dans le monde entrepreneurial belge. L’an dernier, près de 11.000 femmes se sont lancées comme indépendantes. Le SPF Économie souligne par ailleurs que le taux d’entrepreneuriat féminin en Belgique dépasse la moyenne des 27 États membres de l’UE et est supérieur à celui de nos voisins français, luxembourgeois et allemands.

 

Profil : entrepreneure

En termes de profil, un quart des femmes indépendantes ont entre 40 et 50 ans. Les indépendantes ont un profil légèrement plus jeune que les indépendants de genre masculin. La majorité des entrepreneuses sont actives à titre principal. Toutefois, en comparaison avec les indépendants de genre masculin, les indépendantes sont proportionnellement plus nombreuses dans la catégorie des indépendants actifs à titre complémentaire. Autre constat : les femmes indépendantes sont moins enclines que les hommes à employer des salariés. Ce profil est resté plutôt stable au cours des cinq dernières années.

Quelles raisons poussent ces femmes à entreprendre ? Près de la moitié d’entre elles recherchent une plus grande liberté et davantage d’épanouissement personnel. Elles considèrent la création d’entreprise comme un choix de carrière pertinent, offrant une meilleure qualité de vie et une gestion plus flexible du temps de travail.

 

Être une femme, la clé du succès ?

Si les femmes entrepreneuses sont de plus en plus nombreuses, leurs projets s’avèrent aussi généralement prometteurs et pérennes. Selon une étude réalisée par Women Equity, la viabilité économique des entreprises créées par des femmes est meilleure que celle des firmes créées par des hommes. La même source indique que les PME dirigées par des femmes affichent aussi une meilleure courbe de croissance.

Avant de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, les femmes mènent une réflexion approfondie sur leur projet, mettant en avant leur talent d’organisation et leur polyvalence. L’entraide et le réseautage jouent également un rôle crucial dans leur succès.

 

Sensibiliser, encore et toujours

Aujourd’hui, la contribution de l’entrepreneuriat féminin au développement économique et social de la société ne fait plus de doute. Il faut donc encourager un maximum de femmes à se lancer. Les campagnes de sensibilisation spécifiques portent leurs fruits. De beaux exemples d’entrepreneuses sont aussi des sources d’inspiration et démontrent qu’il est possible de faire son chemin de façon talentueuse sur une planète « Start-up » encore essentiellement masculine.

 

Quelques chiffres

• 4 entrepreneurs sur 10 sont des femmes
• 12,4 % des femmes indépendantes ont moins de 30 ans (contre 11 % chez les hommes)
• 60,4 % des femmes exercent leur activité d’indépendante à titre principal

 

Citation : « Les PME dirigées par des femmes affichent une meilleure courbe de croissance que celles des hommes. »

 

➤ Témoignage
« La clé de la réussite, c’est l’état d’esprit »

Murielle Machiels, 48 ans, maman de Max (19 ans) et Lucas (22 ans), est à la tête de QiLeader, une entreprise de coaching qui propose des programmes de transformation mixtes pour accroître l’impact, la résilience, l’engagement et la rétention à grande échelle. Entrepreneuse depuis sept ans après un long parcours dans le corporate où elle a grimpé les échelons, elle se livre sur son parcours.

« J’ai commencé ma carrière chez Procter & Gamble, dans le domaine de la vente puis au département Marketing dans le secteur pharmaceutique. Je me suis donnée à fond pendant plusieurs années. Puis, je suis devenue maman et mes priorités ont changé. J’ai demandé un congé parental à mon employeur. Ce congé m’a été refusé et j’ai été licenciée. 

Selon ladite société, cette demande n’était pas en adéquation avec les valeurs et la philosophie de l’entreprise. J’estimais que cette décision était totalement injuste et je suis montée avec succès au procès. Malgré ma victoire, j’étais tout de même ébranlée de constater que l’envie d’être présente pour ses enfants pouvait être ’mal vu’. J’ai poursuivi ma carrière aux Éditions Plantyn, où j’ai fini directrice générale.

Après avoir restructuré l’entreprise et piloté sa transition digitale, j’ai de nouveau été amenée à m’interroger sur mes valeurs. Même si j’avais atteint de beaux résultats financiers, amélioré le bien-être au travail et diminué de moitié le taux d’absentéisme, j’étais moi-même très stressée et souvent en colère contre le système. J’avais besoin de me réinventer, envie de gérer moi-même mon emploi du temps et de continuer à être présente pour mes enfants. J’ai donc quitté l’entreprise pour me lancer en tant qu’entrepreneure. »

 

L’agilité est essentielle

« J’ai eu la chance de me lancer à mon compte avec, à mon actif, de nombreuses années d’expérience professionnelle et un bon background. Cela m’a énormément aidée. Le point qui me faisait le plus défaut était le réseau, puisqu’en tant que directrice générale et maman, je ne participais presque jamais à des évènements de networking. Je me suis aussi énormément auto-formée et ça, c’est vraiment fondamental. 

L’agilité est essentielle : il faut sans cesse se mettre en capacité d’apprendre et s’adapter. Il faut savoir être résilient car, en tant qu’entrepreneur, on peut aussi être confronté à des échecs.

Aux femmes qui veulent se lancer, j’ai envie de dire d’avancer, même si tout n’est pas encore clair. Car si on attend d’être sûre de tout, on court le risque qu’une partie de la situation ait changé quand on se lance enfin. Il vaut mieux apprendre de ses erreurs et se relever que viser une perfection inatteignable. Les femmes sont beaucoup dans le doute. 

Toutefois, le doute peut aussi être une force car une femme va plus facilement se remettre en question et revoir son modèle si nécessaire. Qu’on soit une femme ou un homme, la clé de la réussite est l’état d’esprit. Si on y croit, on peut le faire. En ce qui me concerne, être une femme me permet d’avoir une grande intelligence émotionnelle. »

 

Redéfinir la réussite

« Il faut aussi revoir la notion de réussite. La réussite, ce n’est pas uniquement atteindre le top, occuper des fonctions de dirigeante ou être millionnaire. Pour certaines femmes, dont je fais partie, la réussite c’est aussi faire un travail qui a du sens, être en accord avec ses valeurs, avoir du temps à consacrer à sa famille, etc. Nous ne sommes pas sur terre uniquement pour faire du profit et valider notre check-list. Nous sommes aussi ici pour être heureux. »

in ESG
BECI Community 15 février 2024
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