Quelle direction prendra la boussole pour la compétitivité européenne ?

28 février 2025 par
BECI, Jean-Philippe Mergen

Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) et ancien premier ministre italien, avait présenté en septembre 2024 à la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, le rapport sur sa vision personnelle de l'avenir de la compétitivité de l'UE. Le rapport Draghi contient des recommandations à court et à moyen terme pour répondre aux défis économiques au sein de l'UE et renforcer la position économique de l'UE dans le monde. 

La nouvelle Commission européenne a présenté en janvier la boussole pour la compétitivité, dont l’objectif est de transformer le rapport de Mario Draghi en feuille de route. Cette initiative fournit un cadre stratégique pour orienter les travaux de la Commission. Elle vise à ce que l’Europe devienne le lieu où les technologies, les services et les produits propres du futur seront inventés, fabriqués et mis sur le marché, tout en étant le premier continent à devenir neutre pour le climat.

Beci souhaite informer les entreprises bruxelloises sur ces enjeux et sur les axes de transformation du rapport en programme d’actions afin qu’elles puissent orienter leur stratégie d’expansion et bénéficier pleinement des mesures mises en œuvre.

Au cours des deux dernières décennies, l'Europe n'a pas suivi le rythme des autres grandes économies en raison d'un écart persistant dans la croissance de la productivité. L'UE a ce qu'il faut pour inverser cette tendance avec sa main-d'œuvre talentueuse et éduquée, ses capitaux, son épargne, son marché unique, à condition qu'elle agisse rapidement pour s'attaquer aux obstacles et aux faiblesses structurelles qui la freinent.

Trois grands domaines d'action pour stimuler la compétitivité

Le rapport Draghi a identifié trois axes de transformation pour stimuler la compétitivité, et la boussole définit une approche et une sélection de mesures phares pour traduire chacun de ces axes en actions concrètes :

1. Combler le fossé en matière d’innovation :

L'UE doit dynamiser son moteur d'innovation. Elle créera un environnement propice à la croissance des start-ups innovantes, encouragera la primauté industrielle dans les secteurs à forte croissance sur base de technologies de pointe et encouragera la diffusion des technologies dans les entreprises établies et les PME. À cet égard, la Commission proposera des initiatives «Gigafactories IA» et «Appliquer l’IA» pour stimuler le développement et l’adoption industrielle de l’IA dans des secteurs clés. Elle présentera des plans d'action pour les matériaux avancés, les technologies quantiques, biotechnologiques, robotiques et spatiales. 

Une stratégie spécifique de l’UE en faveur des jeunes entreprises et des sociétés en expansion s’attaquera aux obstacles qui empêchent leur émergence et expansion. Une proposition de nouveau régime juridique simplifiera les règles applicables, y compris les aspects du droit des sociétés, du droit de l’insolvabilité, du droit du travail et du droit fiscal. Cela permettra aux entreprises innovantes de bénéficier d’un ensemble unique de règles quel que soit l’endroit où elles investissent et opèrent dans le marché unique.

2. Une feuille de route commune pour la décarbonation et la compétitivité :

La boussole identifie les prix élevés et volatils de l’énergie comme un défi majeur et définit des domaines d’intervention pour faciliter l’accès à une énergie propre et abordable. Le prochain pacte industriel propre définira une approche de la décarbonation axée sur la compétitivité, visant à faire de l’UE un lieu attrayant pour l’industrie manufacturière, y compris pour les industries à forte intensité énergétique, et à promouvoir les technologies propres et de nouveaux modèles économiques circulaires. 

Un plan d’action pour une énergie abordable contribuera à faire baisser les prix et les coûts de l’énergie. En outre, la boussole prévoit des plans d’action sur mesure pour les secteurs à forte intensité énergétique, tels que l’acier, les métaux et les produits chimiques, secteurs qui constituent l’épine dorsale du système manufacturier européen, mais qui sont les plus vulnérables dans cette phase de la transition.

3. Réduire les dépendances excessives et accroître la sécurité :

La capacité de l'UE à diversifier et à réduire ses dépendances dépendra de partenariats efficaces. L'UE dispose déjà du réseau d'accords commerciaux le plus vaste et qui connaît la croissance la plus rapide au monde, couvrant 76 pays qui représentent près de la moitié des échanges commerciaux de l'UE. 

Pour continuer à diversifier et à renforcer les chaînes d’approvisionnement, la boussole fait référence à de nouveaux types de partenariats pour le commerce et l’investissement propres afin de contribuer à garantir l’approvisionnement en matières premières, en énergie propre, en carburants de transport durables et en technologies propres du monde entier. Au sein du marché intérieur, la révision des règles relatives aux marchés publics permettra l’introduction d’une préférence européenne dans les marchés publics pour les secteurs et les technologies critiques.

Cinq catalyseurs horizontaux pour la compétitivité

Les trois piliers sont complétés par cinq catalyseurs horizontaux, essentiels pour soutenir la compétitivité dans tous les secteurs :

1. Simplification :

La charge réglementaire et administrative sera réduite considérablement. Les procédures d'accès aux fonds de l'UE et les décisions administratives de l'UE seront plus simples, plus rapides et plus légères. La proposition « Omnibus » à venir simplifiera la publication d’informations en matière de durabilité, le devoir de diligence et la taxonomie. La boussole fixe l’objectif de réduire d’au moins 25 % la charge administrative pour les entreprises et d’au moins 35 % pour les PME.

2. Réduire les obstacles au marché unique :

Une stratégie horizontale pour le marché unique modernisera le cadre de gouvernance, en supprimant les obstacles au sein de l’UE et en empêchant la création de nouveaux obstacles. Les processus de normalisation seront plus rapides et plus accessibles, en particulier pour les PME et les jeunes sociétés.

3. Financement de la compétitivité :

L'UE ne dispose pas d'un marché des capitaux efficace qui transforme l'épargne en investissements. La Commission travaillera à une union européenne de l’épargne et des investissements afin de créer de nouveaux produits d’épargne et d’investissement, d’encourager le capital-investissement et de garantir la fluidité des investissements dans l’ensemble de l’UE.

4. Promouvoir les compétences et les emplois de qualité :

Afin de garantir une bonne adéquation entre les compétences et les demandes du marché du travail, la Commission présentera une initiative axée sur l’investissement, l’éducation et la formation des adultes, le maintien des compétences, une mobilité équitable, l’attraction et l’intégration de talents qualifiés de l’étranger et la reconnaissance de différents types de formation pour permettre aux personnes de travailler dans toute l’Union.

5. Meilleure coordination des politiques au niveau de l'UE et au niveau national

La Commission mettra en place un outil de coordination de la compétitivité, qui collaborera avec les États membres pour garantir la mise en œuvre des objectifs stratégiques communs de l’UE, recenser les projets transfrontaliers d’intérêt européen et poursuivre les réformes et les investissements connexes. Un Fonds pour la compétitivité remplacera plusieurs instruments financiers existants de l’UE ayant des objectifs similaires.


En tant que point de contact d’Enterprise Europe Network pour les sociétés bruxelloises, Beci et ses experts d’Enterprise Europe Brussels aident les sociétés à développer leurs activités au sein du marché unique européen et à bénéficier pleinement de ses avantages.

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BECI, Jean-Philippe Mergen 28 février 2025
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