PeterLily veut faire rimer engagement social, humilité et empathie

11 décembre 2018 par
BECI Community

Marjolaine Gailly est une entrepreneuse née. En véritable « change maker », elle fonde PeterLily, sa société de conseil en ressources humaines, organisation et leadership. Après une carrière au sein de plusieurs grandes firmes, elle décide de se dédier à ce qu’elle appelle « le nouveau monde du travail », basé sur la co-création, la transparence et les valeurs. Son credo ? L’engagement social des entreprises.

 

L’engagement social semble être un levier prometteur d’engagement des collaborateurs. Est-ce un enjeu majeur pour l’entreprise ?

Je pense que ce qui fait la différence entre une entreprise qui cartonne et les autres, c’est la manière dont elle aide ses employés à devenir la meilleure version d’eux-mêmes. C’est simple : quand les collaborateurs ont ce dont ils ont besoin, tout en ayant la possibilité de fonctionner selon leurs propres valeurs, ils donnent assurément le meilleur d’eux-mêmes. Ils sont également plus engagés dans l’atteinte des objectifs de l’entreprise. Pour ma part, je passe beaucoup de temps à essayer de comprendre ce dont mes employés, mes clients et mes fournisseurs ont besoin. Il faut parvenir à saisir le leitmotiv des gens pour trouver la meilleure corrélation possible.

 

Chez vos clients, quelles réticences au modèle d’engagement social rencontrez-vous lors des transformations culturelles et structurelles des entreprises ?

En ce moment, on aide surtout les entreprises à revoir leur mode de gestion interne. On les aide à devenir plus agiles, à être davantage dans la co-création et la réalisation de leurs talents. Tout cela implique forcément, pour le management, de remettre sérieusement en question son pouvoir et son autorité. C’est là que j’observe la plupart des résistances.  Aujourd’hui, la véritable légitimité du leader se retrouve dans son leadership. Elle n’est plus dans son statut, mais bien dans sa capacité à inspirer et à faire avancer son équipe dans une même direction. Je dois reconnaître que le rôle du manager est difficile : il est indéniablement tiraillé entre la performance et le bien-être. Cependant, c’est aux employés qu’il revient de transformer de l’intérieur une entreprise. On parle beaucoup de « servant leadership », un modèle passionnant où le manager est au service de son équipe.

 

 

Les politiques concernant la manière dont on gère les ressources humaines ont beaucoup évolué, ces dernières années : quel modèle prônez-vous chez PeterLily ?

Je pense que la politique de demain, et celle que nous essayons déjà de mettre en œuvre au sein de la société, se résument par cette citation : nous sommes passés d’un modèle « one size fits all » à « one size fits one ». La personnalisation et l’individualisation du management devraient être au cœur de la politique culturelle de chaque entreprise. Chez PeterLily, on n’a aucune méthodologie systématique. Nous arrivons dans l’entreprise, nous écoutons les besoins des clients et nous sortons notre boîte à outils. Chaque programme est conçu sur mesure ; je n’ai jamais réalisé deux fois le même.

 

Au sein de votre entreprise, en tant que leader, comment parvenez-vous à susciter l’engagement de vos collaborateurs ?

Je crois que tout est une question d’écoute, de compréhension et d’empathie. En tant que manager, mon mot de l’année, c’est l’humilité. Je pense que je passe 90 % de mon temps à dire à mes collaborateurs : « je ne sais pas », « je n’en ai aucune idée, et toi, qu’est-ce que tu ferais ? ». Le monde devient tellement complexe, rapide et volatil. L’époque où le manager pouvait dérouler automatiquement ses process est révolue. Un dirigeant, un manager doit reconnaître qu’il n’a pas la science infuse, qu’il doit lâcher prise sur son pouvoir. Aujourd’hui, on vit dans un mode où la transparence est de mise, où les gens sont en recherche constante de sens. L’intelligence n’est plus dans la tête d’un seul homme, elle est collective.

 

Comment parvenez-vous à combiner personnalisation, singularité et vision commune avec vos collaborateurs ?

Une entreprise se crée autour d’une vision et d’un objectif communs qui doivent correspondre à ceux du manager. Pour mettre cette vision en place et pour qu’elle soit cohérente, j’ai décidé que l’entreprise n’était pas la mienne, mais la nôtre. Chaque mois, nous avons une réunion d’équipe où nous nous rassemblons tous pour une journée entière. Nous allons alors décider ce que nous allons faire. Chacun peut partager et faire des propositions. Même si en tant que fondatrice, j’ai le dernier mot, tout est co-construit et transparent. Chaque collaborateur a une vue sur les investissements, les salaires de ses collègues et le mien, les marges, les problèmes de cash et ce que l’on ramène.

 

Vous êtes très investie dans le bénévolat social. Comment parvenez-vous à impliquer l’équipe dans cet engagement ?

C’est un point très important de mon modèle : je n’ai pas envie de créer une société juste pour faire de l’argent. Comme beaucoup d’entrepreneurs, je souhaite changer le monde. Aussi, je me dois de faire en sorte que cet argent gagné ne nous serve pas qu’à nous rétribuer. Bien sûr, il doit nous permettre de répondre à nos besoins et de nous mettre au défi, mais nous devons aussi aider des gens qui ont peut-être moins de chance que nous. PeterLily est une boîte socialement engagée. Par exemple, tous les employés ont 12 jours de congé en plus par an pour faire du bénévolat. Chacun a choisi sa cause. Moi, j’ai choisi l’éducation quand d’autres ont opté pour l’écologie.

 

Comment réussissez-vous à créer une synergie d’équipe à travers la transparence financière ?

En effet, tout est transparent. J’ai d’ailleurs choisi que 30 % des bénéfices après impôts reviennent aux consultants : ils ne peuvent pas demander une augmentation pour eux-mêmes ; ils ne peuvent le faire que pour leurs collègues. Nous faisons ensuite la moyenne de toutes les notes et nous allouons les différentes sommes à chacun. Notre recrutement est également participatif : il y a un triple regard sur chaque candidature. Une fois la procédure de recrutement terminée, le nouvel arrivant choisit lui-même sa rémunération sur la base des salaires et des expériences du reste de l’équipe.

 

Selon vous, quel est le monde de demain, pour l’entreprise ?

Le monde demain est un monde où les gens viennent avec leur plein potentiel et leur pleine personnalité et où le rôle du manager, c’est de les faire se réaliser.

 

Propos recueillis par Elisa Brevet

 

 

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BECI Community 11 décembre 2018
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