Audrey CLABOTS, CEO chez Clabots Tools « On peut être une maman attentionnée et un bon manager »

11 mars 2024 par
BECI Community

Audrey Clabots (36 ans) dirige l’entreprise familiale Clabots Tools depuis 2017. Une société spécialisée en matériel de chantier et de bâtiment. Elle s’y est installée par le dialogue et en ne doutant jamais de ses compétences. Être fiable et vaincre les stéréotypes : un conseil qu’elle délivre à toute personne appelée à une fonction managériale.

L’entreprise Clabots existe depuis 1910. De petite quincaillerie dans la chaussée de Helmet, elle est devenue une importante société de vente d’équipements pour le bâtiment. Elle occupe actuellement 99 collaborateurs répartis sur les sites de Bruxelles, Court-Saint-Étienne et de Liège. À sa tête, depuis sept ans, Audrey Clabots, qui constitue la 4e génération de cette entreprise familiale récemment honorée du titre de Fournisseur breveté de la Cour de Belgique.

 

Être CEO dans une entreprise dédiée à la construction et des métiers d’hommes, est-ce un challenge pour une femme ?

« Il faut défier certains stéréotypes car on ne nous attend pas forcément à ce poste. Quand j’ai commencé à occuper cette fonction, et que j’allais en représentation à des événements, les gens s’adressaient à mon mari qui m’accompagnait en pensant qu’il était le CEO alors qu’il n’est absolument pas du secteur. Dans le magasin, quand je m’adresse à des clients pour les aider, ils ont souvent le réflexe de se tourner vers un collègue masculin. Il s’agit d’anecdotes, parmi d’autres, mais elles se sont estompées en démontrant mon expertise. »

Vous n’êtes pas arrivée en terre inconnue ?

« Clabots a la particularité d’être une entreprise familiale. On m’y a vu grandir. Déjà petite fille, quand on était chaussée de Helmet, je passais du temps dans le bureau de mon papa et dans le magasin. Après mes études en langues, et avoir travaillé dans l’événementiel, je suis entrée au service marketing de l’entreprise. J’ai d’abord été leur collègue avant de devenir leur CEO. Je ne suis pas arrivée en prenant les choses pour acquises. J’ai posé beaucoup de questions afin de comprendre tous les rouages de la société. »

Quel type de manager êtes-vous ?

« Je prône le leadership participatif. Il est important pour moi de veiller à ce que toutes les parties prenantes puissent émettre un avis. Je suis très attentive au non-verbal et je tiens à ce que chaque personne puisse s’exprimer. Cela passe par une communication confiante et inspirante. »

Quels sont les atouts qu’une femme manager peut apporter ?

« Je crois que c’est plus une question de personnalité que de genre. Les femmes ont sans doute plus tendance à atteindre leurs objectifs avec subtilité et en ayant une perspective des choses plus globale. Sans vouloir être dans la caricature, je dirais aussi que les femmes sont plus à l’écoute et font preuve de plus de bienveillance. On est plus diplomates et dans la réflexion. On a moins tendance à vouloir imposer nos idées à tout prix. On est probablement moins guidées par notre ego. »

Vous êtes une jeune maman. Cela n’a-t-il pas perturbé l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ?

« J’ai compris que l’équilibre était dans le ‘et’ et non dans le ‘ou’. On peut faire les deux : être une maman attentionnée et un bon CEO. La maternité est un challenge supplémentaire, mais ça ne doit pas être un frein. Il faut simplement jongler avec plusieurs casquettes, être créative dans la gestion du temps et avoir une bonne baby-sitter. Je n’ai pas pris de congé de maternité. Avant ses trois mois, je venais avec le bébé au travail. Il participait au comité de direction, à mes côtés, dans son landau. Maintenant que l’enfant est en âge d’être à la crèche, son père et moi alternons pour l’y déposer et l’y reprendre. Il est cependant vrai que j’honore moins de représentations en soirée. »

Quels conseils donneriez-vous à une femme qui est appelée à avoir des fonctions dirigeantes ?

« Si le job l’intéresse et qu’elle a les compétences, qu’elle y aille. Il ne faut surtout pas se dire ‘Je suis une femme, est-ce que je suis la bonne personne pour ce poste ?’ Le genre ne doit pas avoir d’impact sur la décision. Comme pour un homme, sa crédibilité va passer par ses compétences et son attitude. Je lui conseillerais de se positionner avec confiance dans le développement d’un leadership authentique en s’appuyant sur ses valeurs et sur ses forces. Il est surtout important de ne pas douter de soi. Et si cela arrive, il faut l’utiliser pour se challenger encore plus afin de faire mieux. »


Julien Semninckx

in ESG
BECI Community 11 mars 2024
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