DUO for a JOB : « Qui est-ce » qui mérite sa chance ?

23 septembre 2025 par
Era Balaj

En octobre, Duo for a JOB lance une campagne inédite en mettant à l’honneur ces binômes singuliers : des jeunes issu·es de l’immigration épaulés par des mentor·es expérimenté·es, afin de lutter contre les inégalités à l’embauche.

Un CV impeccable, une motivation sans faille… et pourtant, la porte reste souvent close. Pour beaucoup de jeunes issu·es de l’immigration, le marché du travail belge demeure semé d’embûches. Pour briser ce plafond, l’association Duo for a JOB crée depuis plus de dix ans des binômes intergénérationnels et interculturels : d’un côté, de jeunes chercheur·euses d’emploi, de l’autre, des mentor·es chevronné·es, souvent retraité·es ou en fin de carrière, qui transmettent leur expérience et leur réseau. En octobre, elle met en lumière en lumière ces duos où l’expérience des un·es change la trajectoire des autres avec une campagne qui interpelle : « Qui est-ce ? ».

Le clin d’œil qui fait réfléchir

Le message s’inspire du célèbre jeu de société du même nom. Sur le plateau, on élimine des visages au gré de questions banales : lunettes ou pas ? cheveux clairs ou foncés ? Jusqu’à ne garder qu’une carte gagnante. Dans la vraie vie, les critères sont moins anodins, mais tout aussi excluants : accent, prénom ou couleur de peau suffisent parfois à fermer la porte. C’est cette mécanique que Duo for a JOB veut enrayer. 

La campagne « Qui est-ce ? » détourne le plateau coloré en présentant de faux candidat·es : diplômes solides, motivation au rendez-vous… mais un prénom ou un visage qui, dans la réalité, pourraient suffire à écarter la candidature. Le message est direct : dans le jeu, comme dans la vraie vie, éliminer sur l’apparence est absurde. L’association espère ainsi sensibiliser au-delà de son cercle habituel, recruter de nouveaux ou nouvelles mentor·es et convaincre davantage d’entreprises d’ouvrir leurs portes. 

Pendant six mois, chaque duo avance pas à pas : décrypter les codes du marché belge de l’emploi, améliorer un CV, préparer un entretien, élargir le réseau, mais surtout reprendre confiance. « Les jeunes que nous suivons ont les compétences. Ce qui leur manque, ce sont les opportunités », résume Guillaume Albessard, responsable de la Communication de Duo for a JOB. 

L’enjeu derrière les chiffres 

En toile de fond, les chiffres rappellent l’ampleur du problème. Selon Statbel, le taux de chômage de la population active s’élève à 18,6 % pour les jeunes originaires d’Afrique subsaharienne et à 16,4 % pour celles et ceux d’Afrique du Nord, alors que la moyenne belge ne dépasse pas 6,2 %. Chez les jeunes (15-24 ans), le taux de chômage est nettement plus élevé que la moyenne, atteignant 19,9 % en Belgique. Eurostat souligne par ailleurs que le taux d’emploi des personnes nées hors Union européenne plafonne à 51 %.  « Nous travaillons avec des jeunes qui, malgré leurs compétences, se heurtent à des discriminations », explique Guillaume Albessard. Notre rôle est de leur offrir un accompagnement personnalisé, mais aussi de sensibiliser la société à ces réalités. »

Sur les jeunes issu·es de l’immigration, il y a une double barrière : « Être jeune, déjà, reste un frein : leur taux de chômage est deux fois plus élevé que celui du reste de la population. Y ajouter l’origine, c’est multiplier les obstacles », poursuit-il. En miroir, les mentor·es recruté·es appartiennent souvent à une autre catégorie fragilisée : les plus de 50 ans. « Une étude a montré qu’une personne sur trois de plus de 50 ans estime que son avis est moins respecté. Pourtant, environ 4 Belges sur 10 ont plus de 50 ans, et c’est le premier public du volontariat. Leur expérience est là, et leur envie de s’engager aussi. »

Changer des vies, un duo à la fois 

Chaque duo est « une petite victoire » contre les inégalités, selon l’association. Les accompagnateur·ices apportent un savoir-faire, tandis que les jeunes offrent un regard neuf. La campagne du mois d’octobre invite les candidat·es mentor·es à franchir le pas : « Certaines personnes pensent ne pas avoir les compétences pour être mentor·e, mais ce qui compte, c’est l’envie de transmettre. » L’association assure une formation et un suivi, garantissant que la relation reste constructive pour les deux parties. 

À ce jour, les résultats sont encourageants : 7 jeunes sur 10 décrochent un emploi ou entament une formation, à l’issue du programme. Néanmoins, l’impact ne se mesure pas qu’en chiffres. « On voit des personnes reprendre confiance, oser postuler là où elles n’auraient jamais tenté, se sentir enfin légitimes », souligne Guillaume Albessard. En reliant générations et cultures différentes, Duo for a JOB crée des ponts là où il y avait parfois des barrières.


En quelques chiffres

19,9 %

taux de chômage des 15-24 ans en Belgique (troisième trimestre 2024)

18,6 %

chômage des personnes originaires d’Afrique subsaharienne (2022)

16,4 %

chômage des personnes originaires d’Afrique du Nord (2022)

51,3 %

taux d’emploi des personnes nées hors UE (20-64 ans)  

Sources : Statbel & Eurostat




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