L’entreprise ne devient que rarement en difficulté du jour au lendemain. Bien sur la pandémie a démenti ce constat.
La plupart du temps l’entreprise se meurt à petit feu, invisible et il est nécessaire de s’entourer d’indices performants et rapides pour détecter les difficultés.
Les tribunaux et les analystes financiers utilisent des indicateurs aussi appelés « clignotants ».
Il existe plusieurs indices qui peuvent aider à détecter une entreprise en difficulté.
La qualité de la documentation comptable est fondamental pour assurer la meilleure gestion d’une entreprise.
Ensuite, des analyse régulière des chiffres doivent vous permettre de dégager les signes avant coureur.
Voici quelques signes courants à surveiller :
Baisse des revenus de l’entreprise
La baisse significative de ses revenus de l’entreprise pendant une période prolongée peut être un indicateur de difficultés financières à venir.
Vos déclarations TVA périodique doivent vous permettre de constater rapidement cet indicateur.
Exemple 1 (en bleu (marchandises + frais généraux + investissements)
Surtout si vous avez des frais fixes élevés et des frais variables faibles, votre rentabilité sera vite entamée et les résultats reportés positifs du passés seront engloutis dans votre perte de chiffre d’affaires.
Augmentation des dépenses
Une augmentation des dépenses sans augmentation proportionnelle des revenus peut être un signe préoccupant. Cela peut indiquer une mauvaise gestion des coûts ou des difficultés à maintenir la rentabilité.
Dans l’exemple 1 les frais restent constants. Imaginez si en plus les dépenses augmentent ! C’est la catastrophe assurée.
Marges bénéficiaires réduites
Lorsque les marges bénéficiaires de l’entreprise sont en baisse constante, cela peut indiquer des difficultés à maintenir la rentabilité et à générer des bénéfices suffisants.
Le contrôle des marges est donc aussi un indice performant qui peut être analyser simplement sur base des déclarations TVA (à condition que la comptabilité soit correctement encodée).
La marge est la différence entre les ventes réalisées et les coût variables nécessaires pour réaliser ces ventes comme les marchandises, fournitures, matières premières utilisées, les emballages, le transport, les frais de douane, les sous-traitants (en lien direct avec les produits ou services vendus), etc.
Les couts variables ne comprennent pas les couts fixes aussi appelés frais généraux ni les salaires qui ne sont pas directement liés à la production.
En plus de la déclaration qui donne une première vision, une comptabilité analytique est nécessaire pour affiner le raisonnement et comprendre où se situent les pertes de marges.
Parfois il est utile de se séparer d’une branche d’activités avec moins de marge. Ce n’est pas qu’elle n’est plus immédiatement rentable mais l’énergie pour la maintenir à flot pour être déplacée vers d’autres activités plus rentables. L’analytique, analyse des chiffres, est le seul moyen de pointer les marges « non essentielles » ou « non rentables ».
Vos déclarations TVA peuvent vous donner un indicateur, certes sans intégration d’une variation de stock entre les périodes, mais vous permettant de comparer les marges par période TVA (en bleu) avec une marge compilée en moyenne (en rouge).
Le écarts périodiques sont lissés dans la marge moyenne de 9% dans votre exemple 2.
Exemple 2
Endettement élevé des entreprises
Un niveau élevé d’endettement peut mettre une entreprise en difficulté si elle éprouve des difficultés à rembourser ses dettes ou à faire face aux charges d’intérêt.
Exemple 3
Clairement, le chiffre d’affaires diminue constamment et des pertes sont générées.
Cela entraine une augmentation forte des dettes de tiers à court terme. Les capitaux propres restent positifs mais fondent progressivement.
Problèmes de trésorerie
Cette situation de l’exemple 3 engendre une diminution forte de la trésorerie.
L’entreprise a du mal à payer ses fournisseurs, à honorer ses obligations financières ou à gérer ses flux de trésorerie de manière adéquate. C’est un signe de difficultés financières.
Même avec des garanties extérieures – ce que nous ne vous invitons jamais à mettre en place pour préserver les tiers, votre famille, vos futurs ex amis – les banques ne seront pas d’un grand secours sans un solide plan de redressement de l’entreprise pour récupérer des marges positives , diminuer la dette court terme et retrouver du cash.
Chute des ventes ou de la clientèle
Une baisse importante des ventes ou une perte de clients peut indiquer des problèmes dans la compétitivité de l’entreprise, la qualité de ses produits ou services, ou sa capacité à satisfaire les besoins du marché.
La chute du chiffre d’affaires de l’exemple 3 est à analyser en profondeur.
Lien vers l’article « Comment redresser mon entreprise en améliorant la gestion »
Retards de paiement ou litiges avec les créanciers
Des retards fréquents dans les paiements aux fournisseurs ou des litiges avec les créanciers peuvent être des signaux d’alerte.
Ce manque de cash va obliger le chef d’entreprise à faire des choix.
Légalement il doit respecter l’ordre des privilèges de la loi hypothécaire de 1851. Voici un aperçu non exhaustif.
D’abord payer les créanciers qui possèdent une sûreté comme les banques ou les organismes de crédit.
Ensuite payer le salaire net des travailleurs et les dettes sociales et fiscales qui sont privilégiées comme l’ONSS, les cotisations sociales, les impôts, la TVA, les amendes, les taxes diverses, etc.
Enfin, s’il reste de l’argent – ce qui est rare – payer le fournisseurs de biens et de services.
Dans la pratique, en dehors des banques qui se servent elles-mêmes, l’échelle des paiements est inversée.
Les entreprises privilégient les fournisseurs pour continuer à être livrer et à réaliser du chiffres d’affaires, même en perte comme dans l’exemple 3, et ensuite quand il ne restent plus rien des paiements échelonnés interviennent en faveur de l’état.
Cette pratique est non seulement illégale mais elle peut donner lieu à des sanctions civiles (devoir supporter le passif de la faillite) ou pénale (interdiction de diriger, peine de prison avec ou sans sursis).
Diminution de la productivité ou de la qualité
Les problèmes opérationnels ou de gestion peuvent aussi provenir de diminution de la productivité de l’entreprise.
Lorsque cette diminution est significative ou si la qualité de ses produits ou services se détériore, il est urgent d’analyser la cause du problème.
La comptabilité analytique peut aider l’entreprise à cerner la source des difficultés.
Départs importants de personnel clé
Si des employés clés quittent l’entreprise en masse, cela peut être le signe d’un climat interne problématique, de problèmes de direction ou d’une perte de confiance dans l’avenir de l’entreprise.
Les ressources humaines ont de tout temps été une donnée essentielle de la réussite d’une entreprise.
Seul un dirigeant, si fort soit-il, ne peut pas amener une entreprise au sommet sans collaborateurs.
S’il est nécessaire de chasser les tire au flanc ou les sans cesse malade imaginaire, il est tout aussi important de fidéliser le personnel salarié ou collaborateur indépendant.
Échecs ou restructurations répétées
Si l’entreprise a connu plusieurs échecs commerciaux ou restructurations au cours d’une période relativement courte, cela peut indiquer des problèmes sous-jacents plus profonds.
Il est important de noter que ces signes ne garantissent pas nécessairement que l’entreprise est en difficulté, mais ils peuvent servir d’indicateurs potentiels qui nécessitent une attention et une analyse approfondies.
Si vous suspectez des difficultés financières ou opérationnelles, il est conseillé de consulter des experts ou conseillers spécialisés pour évaluer la situation et proposer des solutions appropriées.
Il est recommandé de travailler en collaboration avec votre expert-comptable
Lien avec l’article « Quel est l’apport de mon expert-comptable dans le plan de relance de mon entreprise ? »
Jean Pierre RIQUET
Juriste fiscaliste Professeur associé Ephec
Disclaimer Le présent article n’est pas un avis ou une consultation mais une simple information. L’auteur et la rédaction veillent à la qualité et la fiabilité des informations lesquelles ne sauraient toutefois engager leurs responsabilités.
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